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Leur société
Pénurie de médicaments : l’incurable soif de profits
En ce mois de septembre, quarante médicaments sont en rupture de stock et introuvables dans les pharmacies. Pour 126 autres, dits en tension, les patients sont obligés d’attendre ou de chercher une officine en ayant encore.
Il y a eu, en 2024, 3 825 déclarations de rupture d’approvisionnement, contre moins de mille en 2018 et des millions de patients ont eu, à un moment ou un autre, des difficultés pour se procurer leur traitement. Ces ruptures ne concernent pas des produits parfois qualifiés de médicaments de confort par des gens qui n’en ont pas besoin, mais certains médicaments indispensables et dont la privation fait courir un risque grave voire mortel aux patients. Ces deux dernières années ont ainsi connu des ruptures sur les antidépresseurs, les traitements contre le cholestérol et ceux contre l’hypertension, voire sur les antibiotiques et certains traitements et vaccins pour les nourrissons.
Les commentateurs, les représentants des médecins comme ceux des pharmaciens, et surtout les porte-parole de la grande industrie pharmaceutique ont avancé bien des explications. La plus fréquente repose sur la concentration de la production des molécules de base dans un petit nombre d’usines, situées qui plus est en Asie. L’augmentation de la consommation de médicaments, due au vieillissement de la population et à la bienveillance des assureurs et des systèmes de sécurité sociale, est aussi évoquée. Le manque d’imagination des faiseurs d’opinion est confondant : quel que soit le problème, la santé, le chômage, la dette, la pollution, la Chine et la paresse coupable de la population sont accusées. Les pénuries s’expliquent pourtant bien banalement : les médicaments sont des marchandises qui, pour être produites, doivent pouvoir se vendre avec profit.
En France, le prix d’un médicament remboursé par la Sécurité sociale est l’objet d’une négociation entre le fabricant, les autorités administratives de Santé et les organismes de Sécurité sociale. C’est précisément pour faire pression dans cette négociation et vendre plus cher leurs produits que le français Sanofi et l’américain Amgen restreignent depuis des mois les livraisons de médicaments comme le Praluent et le Repatha, indispensables pour réduire le taux de cholestérol chez les patients atteints de troubles cardio-vasculaires. Des dizaines de milliers de personnes ont dû patienter, courir de pharmacie en pharmacie ou même se passer de traitement cet été. Le dictionnaire médical évalue le prix d’une dose de Praluent ou de Repatha à 216 euros. Il en faut deux ou trois par mois. Un déremboursement rendrait donc ces traitements inaccessibles à la plupart des patients.
Ce n’est qu’un exemple et les autres ruptures de stock relèvent également d’une logique marchande.