- Accueil
- Lutte ouvrière n°2984
- Pesticides : interdits et exportés
Leur société
Pesticides : interdits et exportés
Une enquête de deux ONG, Public Eye et Unearthed, publiée le 23 septembre, montre que les firmes chimiques de l’Union européenne (UE) n’ont cessé d’augmenter l’exportation de produits interdits en son sein.
Les ONG ont épluché les « notifications d’exportations » que les entreprises doivent remplir lorsqu’elles veulent exporter des produits chimiques dangereux. Selon ces documents, 122 000 tonnes de pesticides interdits dans l’UE ont été exportées en 2024 dans le reste du monde.
En 2020, une première enquête de ces ONG avait déjà révélé l’ampleur du scandale des pesticides interdits « made in Europe ». La Commission européenne avait promis de « montrer l’exemple » et d’y mettre fin. C’est resté un vœu pieu. Les intérêts des grandes firmes agro-chimiques ont primé, là comme ailleurs. Et ces exportations ont même progressé de 50 %.
Ainsi 75 pesticides interdits dans l’UE ont été annoncés à l’exportation en 2024, contre 41 en 2018. En tête de liste, le dichloropropène, un pesticide reconnu cancérogène probable aux États-Unis, interdit depuis 2007 en Europe pour les risques de contamination des eaux souterraines et pour la biodiversité, a été notifié à l’exportation pour 20 000 tonnes. Il en va de même de néonicotinoïdes, dits « tueurs d’abeilles », interdits depuis 2019 dans les champs européens, mais exportés par milliers de tonnes dans des pays tiers.
Si les États-Unis, du fait de leur législation permissive, constituent la première destination de ces poisons, les trois-quarts des pays importateurs sont des pays pauvres. Le Brésil est le premier marché mondial des pesticides. Le Maroc et l’Afrique du Sud en sont les premières victimes sur le continent africain.
Après la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE, l’Allemagne est devenue la première exportatrice de ces produits toxiques, avec plus de 50 000 tonnes. La France figure, elle, au 7e rang avec 6 620 tonnes exportées. Il s’agit d’un commerce lucratif, contrôlé par les géants européens ou américains de l’agrochimie comme BASF, Teleos, Agria, Syngenta ou Bayer.
Les dirigeants de l’Union européenne sont les complices de cette pratique.