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Plan acier de l’UE : protéger les profits
La Commission européenne a annoncé le 7 octobre un plan pour « protéger l’industrie européenne de l’acier ». Le quota d’importations exempté de droits de douane baisserait de près de moitié, et au-delà, les droits de douane doubleraient, passant de 25 % à 50 %.
Après la décision américaine, en juin, de porter les droits de douane sur l’acier importé aux États-Unis à 50 %, les sidérurgistes européens – ArcelorMittal et ThyssenKrupp en tête – ont réclamé, relayés par de nombreux politiciens, des mesures similaires en Europe contre la « déferlante » de l’acier chinois. Ils accusent les industriels chinois de bénéficier de subventions publiques, ce qu’ils jugent « déloyal »… tout en exigeant que leurs propres États fassent la même chose.
Ce « plan acier » proposé par la Commission européenne ne s’appliquera, au mieux, qu’en 2026. Car les discussions entre les différents États membres de l’UE, du fait des intérêts parfois opposés entre bourgeoisies nationales, font traîner les choses. D’autres industriels, comme ceux de l’automobile, critiquent la hausse des coûts que cela entraînera pour eux.
Comme toujours, les gouvernements prétendent agir pour « protéger l’emploi » alors que dans la sidérurgie 18 000 ont été supprimés rien qu’en 2024 en Europe sur environ 300 000 emplois que compte la filière. Les aides publiques ou la protection douanière ne changent rien au fait que les capitalistes de l’acier cherchent à produire au moindre coût, avec moins de salariés.
Lorsque le vice-président de la Commission européenne, Stéphane Séjourné, en visite sur le site d’ArcelorMittal de Dunkerque, déclare : « Nous avons fait une part de notre travail, à vous aussi de faire la vôtre », il n’imagine même pas qu’ArcelorMittal, qui licencie actuellement 600 personnes dans le Nord, revienne sur sa décision. Le groupe demande même d’autres cadeaux, d’autres aides.
La politique protectionniste menée par les États ne vise pas à protéger les travailleurs mais les profits. Les responsables politiques qui font croire qu’il y a des mesures à prendre pour protéger l’industrie française ou européenne s’alignent en réalité sur les exigences patronales. Pour protéger leurs emplois et leurs salaires, les travailleurs devront s’en prendre à leurs véritables ennemis, au patronat, et mettre un coup d’arrêt à sa course au profit.