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- Lutte ouvrière n°2975
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Leur société
Plan anti-fraude de Vautrin : mensonges et démagogie
Catherine Vautrin, la ministre de la Santé et du Travail, a présenté dans les colonnes du Parisien du dimanche 2 août les dispositions de son projet de loi dit de lutte contre la fraude, dans le cadre du plan d’économies de Bayrou.

Cette opération de diversion vise à épargner les véritables responsables du pillage des caisses de l’État.
Vautrin propose pêle-mêle d’autoriser la Sécurité sociale à avoir accès aux comptes des allocataires pour détecter les revenus non déclarés, de géolocaliser les transports sanitaires et médicaux, de mettre fin aux arrêts de travail qu’elle qualifie d’« abusifs ». Une petite crapulerie anti-immigrés s’y ajoute : les allocations chômage devraient être versées uniquement sur des comptes domiciliés en France ou dans l’Union européenne. La loi prévoirait la récupération intégrale des prestations « indues » et autoriserait la saisie automatique sur les comptes bancaires.
« La fraude sociale est une trahison des cotisants », affirme Vautrin. C’est non seulement insultant mais c’est une escroquerie. Selon la ministre, la fraude sociale coûterait à l’État 13 milliards d’euros par an, évaluation fournie par le Haut Conseil pour le financement de la protection sociale (HCFPS), une commission placée sous l’autorité du Premier ministre. C’est dire que les « experts » de cette instance sont encore plus dépendants du pouvoir que ceux de la Cour des comptes. Cependant, selon cette institution elle-même, les deux tiers de cette somme correspondent au « travail dissimulé dans les entreprises », c’est-à-dire au travail au noir et aux cotisations que les patrons évitent de verser. Mais Vautrin préfère laisser entendre que la fraude vient des salariés et que ce sont eux qu’il faut traquer. Cela permet de dissimuler l’importance des détournements de fonds publics au profit des classes riches. Rien que la fraude fiscale est estimée à près de 100 milliards d’euros par an. Quant aux aides versées au grand patronat par l’État sans aucun contrôle, une commission sénatoriale les a évaluées à 211 milliards d’euros.
Plutôt que de s’attaquer aux véritables parasites, Vautrin s’en prend aux chômeurs et aux allocataires des prestations sociales. C’est une démagogie calculée qui vise à détourner les travailleurs de leurs véritables ennemis en montrant du doigt le voisin de palier qui touche le RSA et arrondit ses revenus par des petits boulots. Si un contrôle s’avère indispensable, c’est bien celui par les travailleurs eux-mêmes sur la classe capitaliste.