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Dans le monde
Plan Trump : vers un protectorat sur les ruines
Le 6 octobre, les négociations autour de la mise en œuvre du plan Trump ont démarré à Charm el-Cheikh, en Égypte, entre les dirigeants israéliens et ceux du Hamas, sous l’égide des États-Unis.
Sous la pression conjointe des États-Unis et des dirigeants égyptiens, saoudiens, émiratis, qataris, ceux du Hamas, sans s’engager à désarmer, ont accepté d’ouvrir les discussions sur le « plan de paix » de Trump. Netanyahou, lui aussi sous la pression de Trump, a déclaré qu’il acceptait de suspendre les bombardements contre Gaza sans cesser le blocus.
La première phase de ces négociations concerne la libération des otages israéliens encore détenus et la restitution des dépouilles de ceux qui n’ont pas survécu. Cette opération devrait être suivie de la libération de 250 Palestiniens condamnés à perpétuité en Israël ainsi que de quelque 1 700 Gazaouis arrêtés par l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023. Quand seront libérés les otages israéliens ? Qui seront les 250 Palestiniens libérés alors que plus de 10 000 femmes et hommes croupissent dans les geôles israéliennes ? S’agira-t-il de dirigeants du Hamas ou de personnalités comme Marwan Barghouti, un responsable du Fatah qui pourrait jouer un rôle politique ? Tout cela fait partie des négociations en cours.
Du côté israélien, des familles attendent le retour de leurs proches et beaucoup espèrent la fin d’une guerre qui transforme les jeunes en assassins en uniforme. Du côté palestinien, près de deux millions de Gazaouis survivent dans des ruines, privés de tout. Des deux côtés, la perspective d’un plan de paix suscite évidemment de l’espoir. Mais, outre que les négociations peuvent s’interrompre à tout moment, que l’armée israélienne maintient le quadrillage de Gaza, les tirs et les bombardements n’ont jamais cessé, la « paix de Trump », si elle est effective, ne propose aux Palestiniens qu’un avenir sombre et incertain.
Trump a certes exclut toute annexion de la Cisjordanie et tout retour des colonies israéliennes à Gaza. Il a renoncé à déporter les Gazaouis pour construire sa « Riviera du Moyen-Orient ». Son plan prévoit que Gaza soit administrée par un « comité palestinien apolitique », qui reste à préciser et à mettre en place, chapeauté par un Conseil de la paix présidé par Trump lui-même. Derrière ces formules floues, se dessine la mise en place d’un protectorat américain. Il pourrait être administré par les États arabes, en particulier l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, que Trump semble vouloir remettre dans le jeu, tordant le bras de Netanyahou. Mais en attendant l’hypothétique mise en place d’une Force internationale de stabilisation, qui reste entièrement à imaginer et à constituer, l’armée israélienne continuera d’occuper Gaza. « Notre armée restera dans la majeure partie de Gaza », répète d’ailleurs Netanyahou sur tous les tons.
Une telle solution, celle d’un territoire co-administré par les riches monarchies du Golfe et l’armée israélienne sous la supervision des États-Unis, conviendra sans doute aux dirigeants des différents États du Moyen-Orient qui participent aux tractations. Mais pour la population gazaouie, même si la guerre et le massacre s’arrêtent, même si une reconstruction partielle est lancée, l’avenir qu’on lui promet est de survivre pendant des années dans des ruines dangereuses, avec des hôpitaux et des écoles démolis, des réseaux d’eau potable ou d’électricité détruits, des terres agricoles transformées en no man’s land, sous la coupe d’une armée d’occupation. Il y a là de quoi engendrer une nouvelle génération de révoltés prêts à tout pour arracher des droits élémentaires : c’est là le résultat évident des deux ans de guerre ordonnés par Netanyahou.