La politique des boucs émissaires23/04/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/04/P5-2_Chasse_aux_sans_papiers_%C3%A0_la_sortie_de_la_barge_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C64%2C800%2C513_crop_detail.jpg

Leur société

La politique des boucs émissaires

Alors que la situation continue de se dégrader à Mayotte, les dirigeants de l’État continuent à faire des immigrés les boucs émissaires des problèmes de l’île. Macron a ainsi annoncé la mise en place d’un « mur de fer » dans la mer pour, selon ses termes, « mieux prévenir les flux ».

Illustration - La politique des boucs émissaires

Ce que Macron appelle des flux, ce sont des hommes et des femmes fuyant la guerre ou la misère qui ravagent l’Afrique des Grands Lacs, le Soudan, la Somalie, ainsi que les Comores voisines. De nouvelles victimes sont à prévoir dans ce qui est déjà un cimetière marin. Le projet de loi comprend également un objectif de 35 000 expulsions par an (contre 25 000 aujourd’hui), ce qui équivaudrait à six millions d’expulsions dans l’Hexagone ! L’État, incapable de fournir de l’eau potable et des écoles, pourra toujours réussir à s’en prendre aux plus vulnérables.

Une loi votée le 8 avril au Parlement durcit plus encore le droit du sol qui était déjà limité à Mayotte par un texte de 2018. Ce dernier prévoyait que, pour reconnaître la nationalité française d’un enfant né à Mayotte, il fallait prouver que l’un des deux parents était légalement présent sur le territoire trois mois avant sa naissance. Désormais, il faudra que les deux parents aient été légalement sur le territoire un an avant la naissance ! Le texte de 2018 a déjà transformé des milliers de jeunes en clandestins sur leur propre territoire de naissance, réduits à demander des titres de séjour à la préfecture. Ces titres spécifiques à Mayotte ne leur permettent pas de sortir de l’île, pour trouver du travail ou continuer leurs études.

Pire encore : même ceux qui ont droit à ces titres se retrouvent bien souvent sans papiers car la préfecture est régulièrement bloquée par des militants aux idées xénophobes, les « collectifs citoyens », agissant sous l’œil complice de la police. S’ils sont arrêtés avec un titre périmé, ces demandeurs risquent l’expulsion vers Anjouan (une autre île des Comores), où ils n’ont jamais mis les pieds ! Ce cauchemar va devenir le quotidien de milliers d’autres jeunes avec la nouvelle loi. Cela ne réglera en rien les problèmes de pauvreté et de violence qui gangrènent l’île mais créera une diversion permettant à l’État français de dévoyer la colère de la population. À Mayotte, sa politique est depuis toujours « Fort avec les faibles, faible avec les forts », et cette loi n’en est qu’une illustration de plus.

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