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Leur société
Presse : au casino des médias
Selon plusieurs journaux, le groupe Bolloré serait en négociation avec celui de Bernard Arnault, LVMH, pour lui racheter le quotidien Le Parisien.
Déjà propriétaire de Cnews, Canal +, le Journal du dimanche, le JDNews, Europe 1, Paris Match et du groupe Prisma (Femme actuelle, Voici, Télé-Loisirs, Capital et de nombreux autres journaux), Bolloré chercherait à étendre encore son empire de presse. En réaction à ces rumeurs, que LVMH n’a pas encore confirmées, les journalistes du Parisien ont écrit le 9 septembre une lettre ouverte à Bernard Arnault pour lui demander de renoncer à ce projet. « Vendre cet héritage éditorial au groupe Bolloré reviendrait à livrer à une idéologie militante d’extrême droite un des grands quotidiens du pays », écrivent-ils. Et en effet Cnews, Europe 1 et le Journal du dimanche servent de caisse de résonance à Bolloré pour déverser ses idées réactionnaires et anti-immigrés, et il utiliserait sûrement de la même façon un grand quotidien national s’il en devenait propriétaire.
Les journalistes du Parisien ont donc bien des raisons de craindre l’opération en cours. Quant à défendre leurs emplois et la liberté de la presse, ils ne peuvent se fier à Bernard Arnault, qui a lancé il y a plusieurs mois un plan d’économies contre les salariés du journal. Arnault, qui possède lui aussi plusieurs journaux, dont le très propatronal quotidien Les Échos, ne se prive pas d’intervenir pour s’assurer que son entreprise y est bien traitée : des journalistes du Parisien l’ont plusieurs fois accusé d’avoir fait pression pour faire modifier des articles concernant le groupe LVMH.
Qu’ils favorisent ouvertement des idées d’extrême droite, comme Bolloré, ou qu’ils s’assurent prioritairement de la diffusion d’idées propatronales, comme Arnault, tous les capitalistes qui investissent dans les médias en attendent un retour sur investissement non seulement financier, mais aussi politique. Ces deux milliardaires ne sont pas les seuls : le vendredi 12 septembre, un troisième milliardaire, Rodolphe Saadé, patron de CMA CGM et déjà propriétaire de BFM, RMC et La Provence, a annoncé avoir racheté le média vidéo en ligne Brut, réputé s’adresser à la jeunesse.
Pour eux tous, la liberté de la presse est avant tout la liberté des capitalistes de posséder la presse, et la liberté d’opinion est leur liberté de modeler l’opinion des autres. Pour eux, l’emploi d’un journaliste ne vaut pas plus que l’emploi de n’importe quel travailleur.