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- Lutte ouvrière n°2979
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Leur société
Prisons pour mineurs : une jeunesse brisée
La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté a demandé « la fermeture, au moins partielle » de l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Marseille, en raison des conditions de détention catastrophiques.
Dans cette prison, conçue pour héberger 59 jeunes garçons de 13 à 18 ans, les murs des cellules sont d’une saleté repoussante, les matelas en mauvais état se limitent parfois à « un morceau de mousse sans housse et sans drap ». Manque de produits d’hygiène, nourriture insuffisante, manque de professeurs, d’éducateurs, des surveillants trop peu nombreux ou « démobilisés » par des conditions de travail trop dégradées : cette situation conduit, selon le rapport de la contrôleuse, à un « surenfermement », 23 heures sur 24 en cellule. Cela déclenche aussi des violences qui peuvent se terminer par une « mise en grille » : dans un local fermé par des barreaux, sans possibilité de s’asseoir, sans eau, sans toilettes, l’adolescent puni peut rester jusqu’à cinq heures d’affilée.
Mis au pied du mur, le ministre de la Justice Darmanin a annoncé la fin de cette punition illégale tout en ajoutant que les jeunes eux-mêmes étaient responsables de nombreuses dégradations. Mais comment imaginer que des jeunes, déjà bien abîmés par la vie, puissent s’améliorer derrière des barreaux sans l’éducation à laquelle ils devraient avoir droit et sans espace ?
La « protection de l’enfance placée sous la main de la Justice » revendiquée par Darmanin, qui voulait, il y a peu, durcir la justice des mineurs, donnera sûrement bien d’autres occasions aux contrôleurs de dénoncer des scandales.