Prix Nobel de la paix : au service de la guerre15/10/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/10/une_2985-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

Prix Nobel de la paix : au service de la guerre

Trump n’a pas reçu le prix Nobel de la paix, mais il peut être satisfait de la lauréate, la Vénézuélienne María Corina Machado, qui lui a d’ailleurs immédiatement rendu hommage.

Les principaux médias qualifient María Corina Machado de « combattante de la liberté », mais de quelle liberté ? La représentante de la droite vénézuélienne, issue d’une des plus riches familles capitalistes du pays, liée à la hiérarchie catholique, se dit amie du président d’extrême droite argentin Milei et soutient aussi bien la politique de Netanyahou que le mouvement espagnol fascisant Vox. Elle est apparue dans la vie politique vénézuélienne au moment où le président Hugo Chavez se lançait dans une politique de nationalisation des hydrocarbures, aux dépens des compagnies américaines, afin de financer l’éducation et la santé. En 2002, la CIA et la droite vénézuélienne tentèrent de le renverser en organisant un coup d’État, auquel Machado fut mêlée, et qui échoua du fait du soutien populaire au régime. Reçue alors par George Bush, soutenue financièrement par les États-Unis, elle est devenue depuis l’égérie de la droite putschiste. Elle a encouragé toutes les sanctions américaines prises pour affaiblir le pouvoir de Chavez et qui furent en grande partie responsables de l’effondrement économique du pays. Machado a appelé à plusieurs reprises à une intervention militaire étrangère pour renverser le président Maduro, successeur de Chavez. Elle soutient actuellement l’offensive militaire de la marine américaine au large des côtes vénézuéliennes. Commencée au mois d’août, elle s’est traduite par la destruction de plusieurs navires vénézuéliens, accusés de narcotrafic, sans qu’aucune preuve ne soit fournie. Il s’y ajoute le survol du territoire par des avions de chasse américains stationnés depuis peu à Porto Rico.

Depuis une dizaine d’années, l’hyperinflation, les pénuries, l’explosion de la misère associées à la corruption généralisée, les mesures antiouvrières et la répression de plus en plus violente des manifestations de rue, ont déconsidéré le régime chaviste et ont pu offrir à l’opposition de droite, à Machado en particulier, un regain de popularité. Trump peut espérer s’appuyer sur celle-ci pour faire tomber le régime de Maduro, qui lui résiste, et dans le contexte de cette offensive le prix Nobel tombe bien. Il peut offrir une caution internationale supplémentaire à une intervention militaire sur le sol vénézuélien. Le gouvernement de Maduro le comprend bien qui, au lendemain de l’annonce de l’attribution du Nobel à Machado, annonçait de nouvelles manœuvres militaires tout le long de la côte caribéenne.

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