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Procès Naouri : au casino capitaliste
Le 1er octobre a débuté au tribunal correctionnel de Paris le procès de l’ex-patron et principal actionnaire du groupe Casino, Jean-Charles Naouri et de trois de ses anciens cadres dirigeants. Il est accusé de manipulation de cours de Bourse et de corruption.
L’accusation reproche à Naouri d’avoir versé 800 000 euros à un éditeur de journaux boursiers pour convaincre ses lecteurs d’acheter des actions Casino. Objectif : faire remonter le cours de Bourse à un moment où l’enseigne, qui croulait sous les dettes, devait renégocier avec ses créanciers le report de remboursements. À ce moment-là, la dette de Casino atteignait 7,4 milliards d’euros. Toutefois, pour Naouri et les banquiers prêteurs, cela ne posait jusque-là aucun problème : Naouri s’enrichissait en transformant une partie de ces emprunts en dividendes, et les créanciers encaissaient des intérêts d’autant plus importants que les emprunts enflaient et s’enchaînaient les uns derrière les autres.
Mais les difficultés du groupe à rembourser ont commencé à inquiéter les créanciers. D’autant plus que le patron de Casino cumulait plus de trois milliards de dette sur ses autres sociétés. Naouri exerçait en effet le contrôle de son groupe au travers de quatre holdings financières emboîtées comme des poupées russes et qui, en plus des salaires qu’elles lui versaient, lui attribuaient des dividendes en flots continus, tout en faisant supporter le remboursement des dettes par les magasins, c’est-à-dire par les salariés.
Depuis 2024, Naouri a été écarté de la direction de Casino par ses créanciers et les tribunaux. Le groupe a été mis en vente. Intermarché, Auchan et Carrefour se sont partagé les 366 hypers et supermarchés Casino. Et les autres enseignes du groupe (Franprix, Monoprix, Spar, Vival, Naturalia) et Cdiscount ont été rachetées par le milliardaire Kretinsky, propriétaire entre autres de Fnac-Darty, et qui a créé sa fortune en exploitant le travail des ouvriers des mines et des centrales à charbon de la République tchèque. Depuis, 768 magasins sur un parc de plus de 7 000 points de vente ont été fermés et des milliers de travailleurs ont perdu leur emploi.
Naouri est épinglé aujourd’hui par la justice pour des manipulations financières, mais bouleverser la vie de milliers de travailleurs fait partie des pratiques légales… et pourtant criminelles.