Rachida Dati : une ambition culturelle, vraiment ?02/07/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/07/une_2970-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1264%2C1640_crop_detail.jpg

Leur société

Rachida Dati : une ambition culturelle, vraiment ?

La réforme de l’audiovisuel public, portée par la ministre de la Culture, Rachida Dati, a été rejetée lundi 30 juin par une poignée de députés de gauche, rejoints par une pincée d’élus RN, avant même qu’elle soit discutée.

Les députés soutenant le gouvernement n’étant pas en nombre suffisant pour imposer l’examen du texte, les coupes budgétaires et les nouvelles attaques contre les travailleurs du secteur attendront donc encore un peu, au moins jusqu’à ce que les sénateurs les votent. Pour la gauche ce succès sera de peu de portée et de courte durée. De la part du RN, la manœuvre parlementaire est obscure. Mais, pour le gouvernement et particulièrement pour la ministre concernée, l’essentiel n’est pas là. Au-delà d’un projet d’économies budgétaires, l’attaque contre les chaînes publiques est une prise de position politique, un signal adressé à l’électorat et aux partis de droite et d’extrême droite.

Ces derniers sont fondamentalement opposés à tout service public et prêts à brader à peu près n’importe quelle société publique, en préparant les conditions pour qu’un entrepreneur privé en tire un profit. Cette attitude, qui a aussi été celle des responsables de gauche quand ils sont parvenus au pouvoir, a concerné les autoroutes, certaines lignes de chemin de fer, les télécoms, les arsenaux, la partie rentabilisable de la santé, etc. De plus, la tonalité des chaînes publiques, ce conformisme bon chic bon genre, situé quelque part entre la droite du PS et la gauche macroniste, hérisse le poil de la réaction au front de taureau.

Le pluralisme dont parle Dati et qu’elle voudrait introduire par sa réforme est celui des chaînes de Bolloré, du journaliste Pascal Praud en continu avec le micro ouvert à tout ce qui est réactionnaire, xénophobe et calotin. Ce projet de réforme porte aussi l’espoir que, de Retailleau à Le Pen, de leur sponsor Bolloré à leurs porte-voix médiatiques, on ne fera pas obstacle à l’arrivée de Dati à la mairie de Paris.

En passant d’opposante à Macron à ministre de la Culture maintenue de Attal à Bayrou, sans oublier Barnier, Rachida Dati a obtenu une caution au centre. Avec sa réforme, elle veut trouver un consensus à droite et à l’extrême droite. Cela suffira-t-il pour qu’elle réussisse à succéder à Anne Hidalgo à la mairie de Paris ? Voilà une question qui l’angoisse certainement plus que le sort des salariés du service public ou que les crédits de la culture et l’extension des déserts culturels.

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