RATP – Infrastructure : cachez-moi ces accidents du travail27/05/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/05/une_2965-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

RATP – Infrastructure : cachez-moi ces accidents du travail

La direction de la RATP-Infrastructure a annoncé à ses 3 000 agents (dont 1 000 ouvriers) une prime comprise entre 300 et 500 euros dans le cas où le nombre d’accidents de travail avec arrêt (ATAA) serait divisé par deux, voire par trois en 2 025.

La RATP-Infra gère et entretient les infrastructures comme les voies, la signalisation, les ouvrages d’art ainsi que les travaux de prolongement des lignes de métro. En 2024, 71 accidents ont été recensés. Ce nombre était déjà de 13 en février de cette année puis de 19 fin mars. Se retrouvant face à cette augmentation importante des accidents, la direction n’a pas jugé bon de prendre des mesures de prévention supplémentaire. Son courriel pour rappeler « les bons gestes et postures au travail » a donc provoqué une certaine indignation.

En effet ceux qui rejettent leur responsabilité sur les travailleurs meurent rarement d’un accident dans leur bureau. Dans son courriel, le directeur de RATP-Infra conditionne le versement de la prime de 500 euros à un nombre d’accidents inférieur à 24 et d’un nombre de jours d’arrêt inférieur à 3900 sur l’année. Cette prime serait abaissée à 300 euros brut si le nombre « se situe entre 25 et 35 », de « zéro euro » pour un nombre supérieur à 35.

L’indignation a laissé place à l’écœurement car « la direction pense sûrement que si nous sommes victimes d’un accident c’est que nous l’avons bien cherché ». D’après le délégué central CGT de la RATP, la direction n’aurait même pas budgétisé le million et demi d’euros nécessaire dans le cas où elle devrait verser cette prime. Elle ne cherche pas à baisser le nombre d’accidents, mais elle veut désigner les ouvriers comme uniques responsables et les inciter à ne pas faire de déclaration d’accident.

Non seulement cette augmentation des accidents du travail est inquiétante mais les chiffres sont en dessous de la réalité. À la fin du mois d’avril, par exemple, deux travailleurs ont été électrocutés sur un chantier. Aucun de ces deux accidents ne sera comptabilisé par la RATP, car ils font partie d’une entreprise sous-traitante et donc à ce titre en dehors des statistiques. La RATP-Infra assure la maîtrise d’œuvre et la maintenance en coopération avec des entreprises privées telle que Siemens, Eiffage, Colas Rail, Schindler et une myriade d’entreprises du secteur. Outre ces 3 000 agents, la RATP embauche aussi directement 1 000 travailleurs dits prestataires qui ne sont pas comptabilisés en cas d’accident. Pour le remplacement d’un escalator, par exemple, on compte sept à huit agents RATP pour 50 salariés d’une dizaine d’entreprises extérieures.

Le nombre d’accidents du travail déclaré par la RATP-Infra n’est donc que la partie visible de l’iceberg.

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