Relations France-Algérie : comme au temps des colonies ?13/08/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/08/une_2976-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Relations France-Algérie : comme au temps des colonies ?

Dans une lettre, publiée le 6 août par Le Figaro, Emmanuel Macron a demandé à François Bayrou d’agir avec plus de « fermeté » et de « détermination » vis-à-vis de l’Algérie.

Le président, qui s’était jusqu’ici tenu à l’écart de la campagne politique visant l’Algérie en laissant les Retailleau, Wauquiez et Darmanin faire monter les enchères, leur emboîte le pas.

En publiant cette lettre, Macron, qui prétendait incarner une ligne modérée, se relance dans la course avec ceux des politiciens qui défendent les positions les plus réactionnaires de la droite et de l’extrême droite. Il reprend notamment les arguments sur le refus d’Alger de rapatrier certains Algériens expulsables en France et les peines de prison prononcées par le régime algérien contre l’écrivain Boualem Sansal et le journaliste Christophe Gleizes. Il demande au gouvernement de suspendre l’accord de 2013, qui permettait aux détenteurs d’un passeport diplomatique algérien de faire de courts séjours en France sans demander de visa, et vice-versa. L’accord de toute façon n’est plus respecté, de fait, par la France, depuis le mois de mai.

En réalité, il ne s’agit là que de prétextes pour développer une démagogie anti travailleurs immigrés. Reste que les tensions entretiennent la crise diplomatique ouverte par la reconnaissance par la France de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, territoire contesté par les indépendantistes sahraouis soutenus par l’Algérie. Il s’agissait d’un choix de l’État français de se rapprocher du régime marocain, jugé plus coopératif que celui de l’Algérie du point de vue des intérêts économiques, commerciaux et diplomatiques des capitalistes français, même si une partie d’entre eux ne voient pas d’un bon œil le risque de perdre des positions en Algérie.

Suite à cette lettre, le régime algérien, bien content de pouvoir faire l’unité derrière lui à peu de frais sur le sujet, a lui aussi dénoncé l’accord de 2013 et remis sur le tapis le sujet des biens immobiliers français en Algérie. Lors de l’indépendance, en 1962, un certain nombre de propriétés, à commencer par le grand parc de 14 hectares sur les hauteurs d’Alger qui abrite l’ambassade de France, étaient restées à l’État français qui ne paye pratiquement rien pour leur utilisation.

Toujours est-il que la prise de position de Macron s’ajoute aux surenchères réactionnaires et anti-immigrés de la droite et de l’extrême droite, pour afficher une prétention de l’État français à faire plier l’Algérie comme si elle était toujours sa colonie. Marine Le Pen parlait de « traiter l’Algérie comme Trump l’a fait avec la Colombie » : Macron ne veut pas être en reste.

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