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- Lutte ouvrière n°2979
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Leur société
RN : faible avec les forts, fort avec les faibles
Les ténors du RN, à l’instar des autres partis de gouvernement, de toute la presse, des experts économiques, se disent atterrés par le montant de la dette publique et proposent des mesures pour y remédier.

Bardella l’a répété devant l’assemblée du Medef : il ne compte pas toucher au grand capital. Au contraire même, un gouvernement RN faciliterait encore les affaires des milliardaires, restructurations, licenciements, épuisement au travail, accidents, sous-traitance et ravages écologiques compris.
En revanche, il réduirait ce qu’il appelle les « bureaucraties à l’hôpital et dans l’enseignement » et s’en prendrait aux fraudes fiscales et sociales. C’est ce que font les gouvernements depuis des années en détruisant les services publics et en faisant la chasse aux mères célibataires qui vivent en couple comme aux chômeurs qui n’ont pas répondu assez vite à un questionnaire. Sur ce terrain, Le Pen se borne à vouloir être à Macron ce que ce dernier fut à Hollande : la suite, en pire.
Pour se distinguer et prétendre faire ce que les autres partis n’ont pas fait, il ne reste au RN que les glapissements contre les étrangers. Un de ses porte-parole, Julien Odoul, a par exemple affirmé : « Les Français font des efforts, les migrants et les étrangers, jamais. » Et Le Pen elle-même de citer des « études prouvant » que l’immigration coûterait des dizaines de milliards au pays.
Il est pourtant patent que les postes les plus durs dans l’industrie, le bâtiment, les abattoirs et les services sont tenus par des immigrés et des enfants d’immigrés, que les hôpitaux, les Ehpad, les services à la personne, etc., ne fonctionneraient pas sans leur présence, qu’on ne cuirait pas un poulet, qu’on ne vendangerait pas une grappe, qu’on ne referait pas une rue sans ces travailleurs venus de partout dans le monde.
Ce n’est pas que les Le Pen, Bardella et consorts l’ignoreraient. Leurs mensonges sont politiques. Il s’agit d’abord de mettre en avant la prétendue solution qui consiste à prendre à une partie des travailleurs pour promettre à l’autre que cela ira mieux pour elle. Ils veulent aussi dédouaner le grand patronat de toute responsabilité en tenant les étrangers pour responsables de tous les malheurs sociaux. Il leur faut enfin participer au désarmement moral de la classe ouvrière en poussant à sa division suivant l’origine et la religion.
La servilité de Bardella devant le Medef et la bêtise haineuse d’Odoul à l’encontre des travailleurs relèvent d’un même acte de candidature pour l’emploi de garde-chiourme au service du grand capital.