Rue d’Aubagne : le procès du mal-logement reste à faire09/07/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/07/P4-2_Affluence_devant_la_salle_des_proc%C3%A8s_hors-norme_du_tribunal_de_Marseille_le_7_juillet_2025_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C106%2C800%2C556_crop_detail.jpg

Leur société

Rue d’Aubagne : le procès du mal-logement reste à faire

Le 7 juillet, la salle des procès hors-normes (PHN) du tribunal de Marseille était bondée pour entendre le jugement des 16 prévenus mis en cause dans l’effondrement de deux immeubles insalubres rue d’Aubagne, qui avait fait 8 morts le 5 novembre 2018.

Illustration - le procès du mal-logement reste à faire

Le procès avait duré six semaines en novembre et décembre 2024. Il avait été marqué par les témoignages émouvants des familles des victimes, mais aussi par la mobilisation des associations et collectifs contre le mal-logement, qui s’étaient portés parties civiles, la ville de Marseille comptant au moins 40 000 taudis. Le parquet avait alors montré l’enchaînement des responsabilités qui avait conduit au drame.

Des peines de prison ferme avaient été requises pour blessures et homicides involontaires contre un adjoint au maire de l’époque, contre un dirigeant du bailleur social Marseille Habitat, propriétaire de l’immeuble inoccupé au numéro 63 qu’il avait laissé se dégrader au lieu de le réhabiliter, ainsi que contre plusieurs copropriétaires du numéro 65, véritables marchands de sommeil, accusés également de « soumission de personnes vulnérables à des conditions de logement contraires à la dignité humaine ».

Le tribunal correctionnel a relaxé deux des propriétaires jugés, ainsi que Marseille Habitat et ses représentants légaux. Cela a suscité des remous dans la salle et une évacuation, à la suite du malaise de l’un des copropriétaires. Pour les autres, dix prévenus sur seize au total, le tribunal a prononcé des condamnations à des peines de prison avec sursis et du ferme pour seulement trois d’entre eux, aménageable sous bracelet électronique.

Le copropriétaire le plus dénoncé était au moment des faits vice- président LR du Conseil régional, mais aussi avocat du syndic de la copropriété qui s’est effondrée sur ses locataires. Pour avoir retardé les travaux indispensables et freiné toutes les procédures judiciaires, il n’écope que de deux ans de prison ferme à effectuer sous bracelet électronique et deux ans avec sursis.

Quant aux véritables responsables de ce fléau qu’est le mal-logement, à Marseille comme à l’échelle du pays, ils n’étaient pas présents dans le prétoire : ce sont tous les spéculateurs et les promoteurs immobiliers qui s’enrichissent sur la construction de logements de prestige ou de bureaux, sans oublier l’État qui s’aplatit devant la loi du profit capitaliste et n’accorde que peu de moyens à la construction de logements bon marché accessibles à tous.

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