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Leur société
Salon de l’élevage : parade commerciale sur fond de crise
Du 16 au 18 septembre, se tenait, comme chaque année à Rennes, le SPACE (Salon des productions animales – Carrefour européen). C’est un salon destiné aux professionnels de l’élevage, l’un des plus importants d’Europe.

Le SPACE regroupe 1 230 exposants : entreprises de conseil, vendeurs de matériels, d’aliments, de génétique, banques, etc. Plus de 100 000 visiteurs, agriculteurs, éleveurs, professionnels, s’y sont rendus ainsi que de nombreux visiteurs étrangers. Le salon est une grande opération commerciale où les entreprises accueillent les éleveurs dans des stands coûtant plusieurs dizaines de milliers d’euros, avec petits fours, boissons et services de traiteurs, mais où les matériels présentés sont inaccessibles pour la plupart des éleveurs. Le décor est en décalage avec la réalité de leur travail.
Les patrons des grandes entreprises du secteur annoncent en effet de futures baisses du prix payé aux producteurs. En effet, la guerre commerciale entre la Chine, l’Europe et les États- Unis sert de prétexte aux abattoirs et les laiteries annoncent que le prix du lait payé aux éleveurs risque de baisser au printemps prochain.
Annie Genevard, la ministre (démissionnaire) de l’Agriculture, s’est trouvée face à plusieurs éleveurs qui lui ont reproché la gestion de l’épidémie de FCO, la fièvre catarrhale ovine. Appelée aussi maladie de la langue bleue, elle vient d’un virus qui touche principalement les ovins et les bovins, qui peut décimer un troupeau en quelques jours et se répand dans l’ouest depuis le début de l’été. Plusieurs concours d’animaux ont d’ailleurs été annulés au SPACE du fait de la FCO. Les éleveurs protestent contre le manque de vaccins disponibles et leurs coûts. Le protocole de vaccination peut en effet dépasser 2 000 euros pour un troupeau de 50 vaches laitières. L’indemnisation des animaux abattus permet à peine de financer l’achat de nouvelles bêtes et surtout il devient de plus en plus difficile d’en acheter en pleine épidémie. De fait, la vaccination est dépendante des trusts pharmaceutiques comme Boehringer Ingelheim, qui produit le vaccin en France et qui, par ses choix, détermine le prix et le rythme de livraison de vaccins.
La Confédération paysanne a mené une action au stand du ministère de l’Agriculture. Si elle critique la politique de l’État face aux épidémies, elle n’aborde pas la responsabilité des industriels de l’agrobusiness. Par contre les militants de la Confédération ont dénoncé le Mercosur, accusant l’accord de libre-échange entre l’Europe et l’Amérique du Sud de ruiner les paysans, et ne se distinguant pas sur ce point de la FNSEA ou de la Coordination rurale qui donnent dans la surenchère protectionniste.
Pourtant, les véritables responsables de la situation des éleveurs ne sont pas à chercher de l’autre côté de l’Atlantique : leurs noms étaient affichés sur les plus gros stands du salon.