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Dans les entreprises
Sanofi : les rapaces de l’industrie pharmaceutique
Le 1er juillet, Sanofi annonçait la vente du site de Maisons-Alfort où est fabriqué le Lovenox, un anticoagulant qui rapportait 3 milliards d’euros par an à l’échelle mondiale en 2009, mais dont le bénéfice net par action recule depuis que les brevets sont tombés.
Au mois de mars, Sanofi cédait son usine d’Amilly dans le Loiret où sont fabriqués l’Aspegic et le Kardegic, immensément connus et rentables. Fin avril, c’était le tour d’Opella, la filiale des médicaments de santé familiale d’où sortent, entre autres, les boîtes de Doliprane. Et ce ne sont que trois des récentes opérations de ce qu’on pourrait appeler « le grand ménage au bonheur des actionnaires ».
Trouver le bon terrain où faire fructifier le capital, telle est la loi du capitalisme, quel que soit le secteur. Il en est ainsi depuis la naissance du mammouth des médicaments qu’est aujourd’hui Sanofi. Tout a commencé en 1973, en pleine crise pétrolière, quand la future Elf Aquitaine, où l’État était majoritaire, cherchait où investir ses capitaux. Le travail fut confié à une dizaine de cadres. Ils choisirent le secteur de la pharmacie et fondèrent l’Omnium financier Aquitaine pour l’hygiène et la santé qui allait devenir Sanofi. Avec une première enveloppe de 500 millions de francs, ils rachetèrent des laboratoires, petits et grands, français et étrangers. Il y eut de grosses prises telle la branche vaccins de Pasteur en 1980. Et de très grosses, notamment en 1999, Synthélabo qui appartenait à L’Oréal puis, en 2004, l’OPA sur Aventis lui-même issu, entre autres, de Rhône-Poulenc et Roussel-Uclaf. Là il fallut mettre 55 milliards sur la table, 55 milliards amassés grâce aux profits rapportés par la vente de ces marchandises que sont les médicaments.
Ce furent des milliers de suppressions de postes et de licenciements. Mais bien sûr, à chaque fois, on eut droit aux déclarations vibrantes sur l’intérêt de la recherche française et la promesse que seule la santé des malades animait les intentions du laboratoire. Là où il ne s’agissait que d’amélioration du taux de profit.
Désormais et depuis des années déjà, l’amélioration du taux de profit passe par les médicaments dits innovants, issus de biotechnologies et s’adressant généralement à des maladies rares, des cancers avancés. Gros avantage pour le taux de profit, ils échappent aux règles habituelles de fixation des prix avec les autorités de santé et la Sécurité sociale. Les prix atteignent des sommets. Ainsi en est-il du Dupixent de Sanofi, prescrit contre l’asthme, vendu 1 200 euros les deux ampoules, sachant qu’il faut deux injections au départ puis une injection tous les 15 jours. C’est la Sécu qui paye et nourrit grassement Sanofi.
Le laboratoire justifie le prix au regard des coûts de la recherche et des risques encourus. Sauf que, comme tous les gros industriels de la pharmacie, Sanofi supprime ses laboratoires de recherche. Celle-ci est faite dans des milliers de petites entreprises de biotechnologie souvent construites autour d’un chercheur, ces biotechs dont des financiers lorgnent les travaux, prêts à miser si la trouvaille est prometteuse. Et quand le boulot est fait, que le médicament a montré son efficacité, le grand laboratoire achète la biotech comme Sanofi l’a fait un grand nombre de fois ces dernières années et continue à l’annoncer chaque mois.
Aujourd’hui, à l’échelle de la planète, les grands groupes pharmaceutiques se battent entre eux à coups de milliards pour dégoter la bonne biotech, acheter le bon candidat médicament, le meilleur, le plus prometteur en matière… financière !