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Dans les entreprises
Sidérurgie : nationaliser, dénationaliser c’est toujours profiter
À l’annonce de plus de 600 suppressions d’emplois dans le groupe ArcelorMittal, les partis de gauche et des syndicats mettent en avant la perspective d’une nationalisation. Ce n’est pas vraiment une nouveauté : la sidérurgie a été nationalisée de 1982 à 1995… ce qui n’a pas empêché la suppression de dizaines de milliers d’emplois.
Autant dire que la nationalisation n’est pas une réponse aux problèmes des travailleurs. Le gouvernement de Raymond Barre a transformé en 1978 les dettes des patrons de la sidérurgie en prise de participation de l’État. Il s’agissait d’une quasi-nationalisation. Quatre ans plus tard, en 1982, Mitterrand achevait celle de l’ensemble des entreprises sidérurgiques, regroupées dans Usinor-Sacilor. La famille de Wendel, principal actionnaire, avait pris soin de regrouper ses entreprises les plus rentables dans une société financière. Les maîtres de forges laissaient le soin à l’État de faire les licenciements massifs et les investissements tout aussi massifs pour moderniser les usines. Les effectifs ont ainsi été divisés par trois entre 1980 et 1999, tandis que la production, elle, ne baissait que de 13 %.
En 1994, le gouvernement de Balladur commença à revendre des parts d’Usinor-Sacilor. La privatisation fut achevée en 1997, cette fois sous le gouvernement de Jospin-Chirac. Usinor-Sacilor donna naissance en 2002 à Arcelor qui, racheté par Mittal en 2006, devint ArcelorMittal.
En 2008, la fermeture de l’aciérie de Gandrange en Moselle fut annoncée par ArcelorMittal. Sarkozy, président de la République, est venu sur place affirmer : « Avec ou sans Mittal, l’État investira dans Gandrange »… l’aciérie est aujourd’hui rasée. En 2011, ArcelorMittal a décidé de fermer les hauts-fourneaux de Florange. En campagne électorale, Hollande vint le 24 février 2012 promettre la poursuite de l’activité… s’il était élu. Il le fut, mais les hauts- fourneaux et la cokerie fermèrent, et des centaines d’emplois furent supprimés.
Les patrons de la sidérurgie rejouent aujourd’hui le même film que dans les années 1970-1980. À l’époque, les révoltes des ouvriers de la sidérurgie, à Denain dans le Nord et Longwy en Lorraine, leur permirent d’obtenir des primes de départ plus importantes, des dispenses d’activité à partir de 50 ans ou des congés de formation de deux ans. Ces quelques garanties furent supprimées petit à petit une fois la colère ouvrière passée.
Aujourd’hui, la « crise de l’acier » justifierait la vague de suppressions d’emplois. Mais quelle crise ? ArcelorMittal a accumulé plus de 26 milliards de profits en quatre ans. Dire qu’il est en crise est une mauvaise plaisanterie. Aujourd’hui comme hier, seule la soif de profits justifie les suppressions d’emplois, ce que taisent les dirigeants politiques.
Toute la gauche s’est retrouvée à Dunkerque pour le 1er Mai. François Ruffin propose que l’État « entre au capital pour peser sur les décisions ». Pour Fabien Roussel, du PCF, « une reprise en main publique s’impose dans le cadre d’un véritable plan d’urgence pour la sidérurgie. » De son côté, Marine Le Pen verse des larmes de crocodile en dénonçant une « saignée sociale ».
Il n’y a pas à réclamer une intervention de l’État car elle sera toujours au secours des capitalistes. Il faut imposer l’intérêt des travailleurs, la garantie d’un emploi et d’un salaire. Comme le disent les paroles de L’Internationale, « Il n’y a pas de sauveur suprême , Producteurs sauvons-nous nous-mêmes. »