Sa mise en place a traîné et les principaux concernés sont restés dans le flou pendant des mois, tant sur les futurs postes que sur la rémunération. Or, le changement de lieu d’affectation et d’équipe peut entraîner pour certains des 56 salariés des pertes de plusieurs centaines d’euros de primes par mois. Ils se sont donc organisés et, pour savoir ce qu’il en était des projets de la direction, ils ont interpellé un directeur au siège, puis une autre directrice lors du CSE. Cela a permis d’obtenir quelques informations sur leurs reclassements possibles et les mesures de compensation prévues.

À partir du 12 mai, ces travailleurs ont exercé leur droit de retrait pour risque psychosociaux, et la direction a été contrainte de reculer un peu, en donnant quelques précisions sur les futurs postes et sur des cas individuels, et en annonçant le versement d’une prime d’incitation de 4 000 euros. Mais elle serait seulement pour ceux qui resteraient dans l’établissement, pas pour ceux qui partiraient par exemple en province, et cela ne compense pas la perte des primes de déplacement.

C’est bien sûr insuffisant et ces salariés ont réagi. Jeudi 22 mai, ils ont une nouvelle fois interpellé le directeur de l’établissement, faisant remarquer que rien n’était fait correctement dans cette réorganisation qui, en plus des pertes de revenus, bouleversait tout leur vie sociale et privée. Le directeur a alors invoqué comme excuse son « inexpérience en la matière ». Si l’avenir des travailleurs n’était pas en question, cela prêterait à rire.

Dans toutes les équipes de travaux de SNCF Réseau il manque du monde et la direction tente de palier cette situation par des réorganisations. Qu’elles soient entamées ou toujours en projet, elles ont toutes le même objectif : faire du plus avec du moins. Cette fois-ci, la direction s’est heurtée à cette équipe de la voie qui ne compte pas se laisser faire et qui a pris contact avec les autres équipes concernées. Un rassemblement a eu lieu le lundi 26 mai, où plusieurs dizaines de travailleurs ont revendiqué des embauches massives et des hausses de salaires.

Comme tous les patrons, les directeurs de la SNCF prétendent que le reclassement est un problème individuel, que chacun doit régler de son côté. Eh bien, les salariés mobilisés ne l’entendent pas de cette oreille : ils se sont non seulement dotés d’un comité de suivi, mais aussi engagés à ne laisser personne seul face à sa situation individuelle.