Syrie : Israël attise les braises23/07/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/07/une_2973-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1264%2C1640_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : Israël attise les braises

Une semaine après le déclenchement d’affrontements entre des groupes armés druzes et sunnites qui auraient fait au moins 1 260 morts, et quatre jours après les bombardements israéliens sur la ville de Damas, le gouvernement syrien a annoncé le 20 juillet un cessez-le- feu à Soueïda, une ville du sud-ouest de la Syrie.

Le 16 juillet, Israël n’a pas hésité à bombarder la zone du palais présidentiel, les environs de l’aéroport militaire de Mazzeh, et des cibles militaires dans l’ouest et le sud syrien. « En quatorze ans de guerre, on n’a jamais vu cela ici. Dans la Ghouta orientale [banlieue de Damas], oui, mais c’est loin. Les jets israéliens bombardent à leur guise, car on n’a pas de défense antiaérienne. Et ce sont les civils qui en paient le prix », déplorait un gardien d’immeuble, Mohammed Al-Hariri, cité par le journal Le Monde. Depuis la chute de Bachar Al-Assad, en décembre 2024, le gouvernement de Netanyahou a effectué plus de 800 bombardements aériens en Syrie pour y détruire les sites et l’arsenal militaires. L’armée israélienne a ainsi pris pied dans la zone syrienne démilitarisée au pied du plateau du Golan qu’elle occupe depuis 1967 et qui est à 50 kilomètres des portes de Damas.

Depuis son arrivée au pouvoir, après la chute d’Assad, Ahmed Al-Charaa ne réussit pas à imposer une autorité aux différentes bandes armées qui s’affrontent sous couvert de conflits communautaires. Les groupes armés druzes en particulier refusent d’être intégrés aux forces armées « officielles ». L’État que celles-ci voudraient reconstituer n’a en fait d’autorité que parce que les dirigeants impérialistes ont fait d’Al-Charaa leur interlocuteur privilégié. Alors que les bombardements israéliens continuaient avec l’accord au moins tacite des États-Unis, celui-ci n’a donc pas eu d’autre choix que d’obéir aux ordres israéliens et de retirer son armée de Soueïda pour tenter de désamorcer la situation.

Netanyahou tire parti de la faiblesse du pouvoir syrien pour s’imposer dans le pays comme la nouvelle puissance dominante. Il a justifié son intervention, une de plus après le Liban, le Yémen et l’Iran, par sa volonté de protéger les Druzes contre les exactions des groupes sunnites. Ce n’est évidemment qu’un prétexte. « Il est possible que cette préoccupation israélienne pour les Druzes syriens coexiste avec ce que l’on pourrait considérer comme un objectif plus cynique, à savoir que la Syrie devrait être un État faible, effectivement divisé en enclaves sectaires et ethniques autonomes », soulignait Aymenn Al-Tamimi, un chercheur anglo- irakien spécialiste de la Syrie. C’est peu dire : profitant de l’affaiblissement de leurs adversaires et du blanc-seing américain, ses dirigeants font d’Israël la nouvelle puissance coloniale régnant sur le Moyen-Orient, spéculant sur les divisions communautaires et prétendant régler les conflits à coups de bombardements. En Syrie, à Gaza, ou au Moyen-Orient en général, cette « pax israéliena » ne promet que la guerre.

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