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Leur société
Taxe Zucman : taxer les riches ou les exproprier ?
« Ce n’est pas en taxant les milliardaires qu’on crée de la croissance ni qu’on améliore l’efficacité des services publics. Sans quoi le communisme aurait été un franc succès » estime un parterre de patrons dans le journal patronal L’Opinion.

« La taxe Zucman est une aberration, c’est une bombe à retardement pour nos entreprises, pour nos entrepreneurs et pour les investisseurs. C’est pénaliser les grandes entreprises, mais aussi les TPE et les PME. Les grandes entreprises sont les grands donneurs d’ordre des TPE et PME », a déclaré de son côté Bernard Cohen- Hadad, le président de la CPME, la Confédération des petites et moyennes entreprises de Paris Île-de-France. Quant au président du Medef, Patrick Martin, il s’est emporté contre ce qu’il qualifie sans rire de « forme de spoliation » et a menacé le gouvernement d’une « mobilisation de grande ampleur » si elle venait à être appliquée.
La taxe Zucman ne ferait pourtant pas de mal à une mouche patronale. Elle est une sorte de contribution « plancher » de 2 %, visant les personnes les plus fortunées de France, celles qui disposent de plus de 100 millions d’euros, soit environ 1 800 foyers. Cette taxe porterait sur l’ensemble du patrimoine de ces « ultra- riches » comme on les appelle, qui paient, proportionnellement, moins d’impôts que le reste de la population grâce à l’optimisation fiscale. Il s’agirait donc de garantir que le total des impôts payés par ces contribuables atteigne au minimum l’équivalent de 2 % de la valeur de leur patrimoine. Si le montant total des impôts déjà versés était inférieur à ce seuil de 2 %, alors ce très riche contribuable devrait payer la différence. Ainsi celui qui paierait au total l’équivalent de 1,5 % d’impôt sur la totalité de son patrimoine, serait redevable de 0,5 % supplémentaire. Dire que cela ne va pas loin est peu dire, mais cela n’empêche pas le patronat d’être vent debout.
Les dirigeants de gauche, de leur côté, font de cette taxe leur cheval de bataille pour convaincre l’électorat populaire qu’ils s’en prendraient aux très riches une fois au pouvoir. Mais comment croire qu’ils seraient alors en mesure d’imposer, par une simple loi, quoi que ce soit à un patronat qui a clairement déclaré que de toute façon il ne paiera pas ? Et surtout, comment croire qu’ils en auraient même la volonté ? Hollande avait martelé avant son élection : « mon ennemi, c’est la finance », et une fois au pouvoir, il avait agi dans le sens opposé. Le fait d’avoir nommé comme ministre de l’Économie un banquier nommé Macron en est une illustration.
Au-delà, l’injustice ne réside pas seulement dans le fait que les grands patrons, les grands bourgeois, ne paient pas proportionnellement autant d’impôts que les classes populaires. Elle est dans le fait que la bourgeoisie tire ses immenses richesses de l’exploitation du travail de millions d’ouvriers, d’employés, de techniciens, d’ingénieurs. Aussi l’objectif pour les travailleurs ne peut être seulement de « taxer » les riches, mais bien de les exproprier.