Quatre ministres se sont ainsi rendus à Roissy, où arrivent chaque jour plus d’un million de colis, selon la cheffe des douanes, dont plus de 90 % en provenance de Chine. Ils venaient y annoncer des « mesures concrètes » contre les importateurs et contre les plateformes de commerce en ligne, telles Shein, Temu, Amazon. Leur opération de communication visait pour l’essentiel à emboîter le pas à Trump, qui a mis fin le 1^er mai aux exemptions de taxes dont bénéficiaient jusque-là les colis importés aux États-Unis d’une valeur de moins de 800 dollars. Sur le terrain du protectionnisme et de la démagogie nationaliste, tous les gouvernements se valent !

Dans cette guerre commerciale, beaucoup de travailleurs risquent de perdre leur emploi. Selon le Financial Times, plusieurs usines chinoises ont déjà réduit ou arrêté leur production et imposé des congés à leurs travailleurs. Les plateformes comme Shein et Temu sont régulièrement dénoncées comme faisant une concurrence déloyale aux industriels occidentaux. Mais derrière ces enseignes capables de produire à destination de la planète entière des milliers de modèles pour quelques dollars tout en renouvelant leur gamme chaque semaine, il y a des travailleurs. Ainsi le « village Shein » à Panyu, à proximité de Canton, regroupe 5 000 usines où des dizaines de milliers de travailleurs gagnent péniblement leur vie 10, 11 ou 12 heures par jour, sept jours sur sept, payés à la pièce. En réalité, toute l’industrie mondiale du textile, toutes les grandes marques occidentales font des milliards de profits en surexploitant des centaines de milliers de travailleurs en Chine, en Inde, au Bangladesh.

Il est possible que la guerre commerciale amène certaines marques à transférer leur production. Les capitalistes qui opèrent en Chine l’ont déjà fait pour l’industrie de la chaussure, déplacée en bonne partie vers le Vietnam. Eux pourront ainsi s’adapter, mais pas les travailleurs. C’est à leurs dépens que se mène la guerre commerciale entre capitalistes.