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Thaïlande : les travailleurs cambodgiens pris pour cible
Depuis le début des combats à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge fin juillet, les travailleurs cambodgiens installés en Thaïlande subissent une montée du nationalisme et de la xénophobie.

Avant les affrontements, ils étaient officiellement 500 000, en réalité autour de un million, à tenter de gagner leur vie en Thaïlande, dans les usines textiles, le bâtiment ou l’agriculture, en particulier dans les régions frontalières. Le salaire minimum y est d’un peu moins de 300 euros par mois, mais les salaires sont plus bas encore et le chômage plus élevé au Cambodge.
En moins de deux semaines, plusieurs centaines de milliers d’entre eux sont retournés au Cambodge, poussés par la montée du racisme et les agressions perpétrées par des groupes extrémistes thaïlandais. Un climat de chasse à l’homme s’est installé, des groupes organisant des patrouilles sur les marchés ou s’attaquant aux personnes parlant khmer. Celles et ceux qui sont restés afin de garder leur travail se cachent, sortent le moins possible, évitent de parler khmer en public.
Ces travailleurs étant indispensables dans bien des secteurs, le gouvernement thaïlandais cherche maintenant à en retenir une partie et à limiter l’impact pour le patronat, notamment en assouplissant la politique concernant les titres de séjour. Mais ce sont bien les rivalités entre dirigeants des deux pays qui ont ouvert la porte à ce déchaînement de xénophobie.
Du côté du gouvernement cambodgien, les principaux dirigeants, Hun Sen et Hun Manet, multiplient les postures nationalistes, les déclarations de soutien et les appels au retour des Cambodgiens de Thaïlande. Ils assurent qu’ils seront les bienvenus... mais qu’ont-ils à leur offrir ?
Le cessez-le-feu annoncé le 28 juillet au soir et signé le 7 août a peut-être mis fin, pour le moment, aux combats entre les deux pays mais les travailleurs n’ont pas fini de faire les frais des rivalités et du nationalisme alimentés par leurs dirigeants.