Tisséo – Toulouse : condamné pour homicide involontaire21/05/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/05/une_2964-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Tisséo – Toulouse : condamné pour homicide involontaire

Tisséo, régie des transports en commun de l’agglomération de Toulouse, emploie 2 600 salariés, dont 1 400 chauffeurs et 250 ouvriers. Lundi 27 novembre 2023, un ouvrier mécanicien était mort, coincé entre un bus et le camion devant le remorquer. Lundi 5 mai, le tribunal a condamné le patron pour homicide involontaire.

La seule solution pour le remorquage en sécurité est l’utilisation d’un camion de dépannage dédié permettant le levage du bus. Mais Tisséo n’a jamais voulu investir dans un tel engin. Pour en économiser la location ou l’achat, c’était toujours un camion de remorquage de Tisséo qui était envoyé. La préfecture avait d’ailleurs accordé à l’entreprise une dérogation permettant de contourner l’interdiction d’utiliser des barres de remorquage, datant de 1975. Un ouvrier doit alors exécuter des manœuvres entre le bus et le camion pour fixer la barre. Les mécanos craignaient toujours cette opération, et se préparaient souvent à se jeter sous le bus en cas de danger.

Au tribunal, le 5 mai, l’inspecteur du travail a fait état de quatre infractions : absence de formation des mécaniciens sur le remorquage, en rappelant que les barres de remorquage sont non conformes depuis 1975 pour les poids lourds ; dégradation des services de mécanique sur la sécurité et le matériel ; aucun suivi hiérarchique sur les lieux de remorquage en cas de difficulté particulière, en somme, les mécaniciens sont livrés à eux-mêmes ; aucune évaluation des risques ni bilan après remorquage ou dépannage depuis toujours. En d’autres termes, les mécanos étaient envoyés au casse-pipe !

Le directeur en chef, quant à lui, s’est défaussé en expliquant que depuis l’accident, Tisséo n’utilisait plus de barre de remorquage, mais faisait appel à une entreprise extérieure qui possède un engin de levage de bus. Il explique que maintenant les mécanos sortent en binômes pour les dépannages : ce qui est faux. Quant au CSSCT (Comité santé sécurité et conditions de travail) et ses représentants (CGT, FNCR, Sud, CFDT), ils n’ont pointé aucun dysfonctionnement, et ont même signé le rapport interne de la direction désignant l’ouvrier décédé comme principal responsable. Au tribunal, l’avocat de la direction s’est d’ailleurs appuyé là-dessus ! Malgré tous les manquements pointés, Tisséo n’a été condamné qu’à 160 000 euros d’amende dont 80 000 euros avec sursis.

En réalité, ce n’est pas un « accident », mais un homicide annoncé. La direction, sous l’entière tutelle du maire Moudenc (LR), obsédée par les statistiques et leurs camemberts, gratte mois après mois la moindre économie à faire, réorganise les équipes pour plus de « compétitivité ». Cela veut dire toujours plus d’économies sur le dos des salariés, avec moins de mécaniciens, moins d’ouvriers, moins de chauffeurs, quitte à les mettre en danger.

Cela continue puisque, sur un des sites, à Colomiers, ce sont maintenant les agents de logistique qui sont envoyés en dépannage à la place des mécaniciens. Lorsque les mécanos partent en dépannage, la situation devient critique dans les ateliers, où le sous-effectif est permanent. La direction commence aussi à dire que les remorquages extérieurs commencent à coûter cher, bien qu’elle ait déjà négocié à la baisse les contrats avec les entreprises de dépannage.

Quant aux ouvriers des entreprises de remorquage extérieures, eux, ils ne sont pas formés à tous les organes de sécurité des différents bus, au gaz, au diesel, hybrides, électriques, avec chaque fois des marques différentes, Iveco, Mercedes. Il y a quelques années, il y a eu un mort également chez eux lors d’un dépannage.

Directeurs et responsables politiques se montrent irresponsables du point de vue de la collectivité et de la sécurité des travailleurs. Il faut que les travailleurs, ceux qui prennent tous les risques, puissent décider eux-mêmes de leur façon de travailler en imposant les embauches nécessaires et le respect des règles de sécurité.

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