Trafic maritime : vers l’embolie ?23/04/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/04/P10-1-Dans-le-port-de-Long-Beach-%C3%A0-Los-Angeles-C-Nick-Souza.jpg.420x236_q85_box-1%2C0%2C799%2C449_crop_detail.jpg

Dans le monde

Trafic maritime : vers l’embolie ?

La guerre commerciale que Trump a déclarée au monde entier, en tout premier lieu à la Chine, et ses déclarations aussi fracassantes que variables ont des conséquences sur l’économie réelle.

Illustration - vers l’embolie ?

Ainsi, la menace du président américain d’augmenter, à terme, les taxes sur les importations chinoises avait été suivie d’une ruée des importateurs américains, soucieux de faire des stocks avant la date butoir. Puis, le 11 avril, l’application, officielle sinon effective, de cette taxe de 145 %, avait conduit, à l’inverse, à une cascade d’annulations de commandes de conteneurs remplis de marchandises chinoises.

Au mois de mars Trump menaçait de faire payer 1,5 million de dollars à chaque passage dans un port américain d’un navire construit en Chine, y ayant fait escale, transportant des marchandises chinoises ou affrété par une compagnie chinoise. Le 17 avril, ses services ont averti que cette taxe serait applicable à dater du 14 octobre. Elle serait réduite à 120 dollars par conteneur, soit 2,5 millions de dollars pour les plus gros navires, quel que soit le nombre d’escales, pour cinq voyages par an. Une taxe similaire serait en outre appliquée à tous les transports de véhicules, quelle que soit leur provenance et à tous les méthaniers. Ces mesures visent directement les industriels chinois, japonais et allemands, les chantiers navals chinois, les armateurs qui se fournissent en Chine, c’est-à-dire quasiment tous. De nombreuses exemptions sont prévues, dont la plus importante est que tout armateur faisant construire un navire aux États-Unis sera exempté pendant trois ans de cette taxe portuaire.

En trois mois, ces annonces erratiques et contradictoires ont perturbé le monde des armateurs. Des annulations succèdent aux demandes de réservation de conteneurs, des navires à moitié remplis attendent à l’entrée de ports embouteillés, des conteneurs vides s’amoncellent d’un côté de l’océan et manquent désespérément de l’autre, des équipages attendent à l’ancre et des navires sont bloqués faute de marins. Les prix du transport, de port, du fret, des assurances et même celui des actions du secteur maritime varient au gré des déclarations présidentielles.

Cette panique maritime ressemble à celle qui prévalait lors de la crise du Covid, de la reprise des opérations début 2022 et aux débuts de thrombose consécutifs aux fermetures de passages stratégiques, Panama pour cause de sécheresse, Suez suite à un échouage, Bab-el-Mandeb dans la mer Rouge, à cause d’attaques de drones houthis. Elle risque d’être l’annonciatrice d’une aggravation de la crise en même temps que de l’accroissement vertigineux des bénéfices de quelques groupes.

Ce nouvel épisode, à la fois menaçant et ridicule, ne tient pas seulement aux humeurs changeantes du président des États-Unis mais au fond aux contradictions d’un système dépassé : une économie organisée à l’échelle de la planète ne peut supporter éternellement l’existence d’États nationaux, de leurs lois, de leurs frontières et des spéculations et calculs des possédants dont ils sont les instruments.

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