Transports sanitaires : moins d’hôpitaux égale plus de transports27/05/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/05/une_2965-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Transports sanitaires : moins d’hôpitaux égale plus de transports

Le gouvernement voudrait aujourd’hui réduire les dépenses de transport sanitaire en pénalisant les chauffeurs qui les assurent et en dégradant par la même occasion les conditions de transport des patients. C’est oublier un peu vite la cause principale du recours sans cesse accru à ces transports.

En effet la politique suivie en matière de santé éloigne toujours plus les patients des lieux où ils sont pris en charge. Dans les villes de taille réduite, les gouvernements successifs n’ont cessé de fermer des hôpitaux. Là où il y en a encore, une partie des services ont disparu. Les urgences ferment aussi les unes après les autres, ou ne sont plus assurées en permanence. Le seul recours est alors de se déplacer vers l’hôpital d’une ville plus importante, parfois à plus d’une heure de route. De plus, à l’échelle du pays, toute la structure hospitalière est aujourd’hui organisée autour de grands plateaux techniques, avec là aussi la nécessité de transporter le malade sur de longues distances.

Les maternités, quant à elles, ont vu leur nombre divisé par trois depuis 1975. La proportion de femmes en âge d’accoucher habitant à plus de 45 km d’une maternité n’a cessé d’augmenter, et il est devenu de plus en plus nécessaire d’utiliser un moyen de transport sanitaire quand on ne peut se faire accompagner. Dans certaines régions, les pompiers se voient même appelés pour assurer ce transport et ont parfois dû procéder à des accouchements dans leur camion.

Le « virage vers l’ambulatoire » est également en cause. En décidant de renvoyer les patients chez eux dans des situations où on les gardait auparavant à l’hôpital, les ministres de la Santé ont certes pu fermer des milliers de lits, mais ils ont dans le même temps augmenté les besoins de transport. C’était totalement prévisible, mais les yeux des responsables étaient alors uniquement fixés sur la ligne bleue des lits à fermer et des économies budgétaires à réaliser.

Face à ces bouleversements, l’augmentation des dépenses de transport sanitaire, 4,4 % par an en moyenne depuis 2016, semble parfaitement logique. Elles représenteraient aujourd’hui 6,3 milliards d’euros. Le gouvernement préférerait bien sûr que les malades soient véhiculés par des proches qui bouleverseraient leur vie pour cela et feraient courir des risques à ceux qu’ils transportent. Il cible donc les médecins qui prescriraient des bons de transports de complaisance, les malades qui en réclameraient, les chauffeurs qui s’obstinent à ne vouloir transporter qu’un seul malade à la fois. C’est bien dans la droite ligne de toute sa politique de santé, dictée par le seul souci de faire des économies aux dépens des malades et de ceux qui en prennent soin.

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