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Turquie : la grève à la municipalité d’Izmir
Du 29 mai au 4 juin, 23 000 travailleurs de la municipalité d’Izmir, à l’ouest de la Turquie, ont fait grève pour des augmentations de salaire.
La municipalité est dirigée par le CHP, le Parti social- démocrate, qui apparaît comme le principal opposant d’Erdogan dans le pays. Le maire d’Istanbul, qui appartient lui aussi au CHP, a d’ailleurs été emprisonné il y a plusieurs semaines à la demande d’Erdogan. Le CHP se prétend favorable aux travailleurs ; en fait, le maire d’Izmir a eu durant cette grève une attitude de patron de combat, avant de devoir reculer face à la détermination des grévistes, aux réactions dans le pays et sous la pression d’une partie du CHP, gênée par son attitude. C’est un succès pour les travailleurs, au moment où toute la classe ouvrière est frappée par les conséquences d’une inflation qui frise 100 % l’an.
L’article suivant est extrait du journal de nos camarades de Sinif Mücadelesi (Union communiste internationaliste, Turquie).
Les travailleurs d’Izelman, d’Izenerji et d’Egesehir, sous-traitants de la grande municipalité métropolitaine d’Izmir, se sont mis en grève le 29 mai après l’échec des négociations pour le renouvellement de leur convention collective. Ils refusaient la proposition de la municipalité d’une augmentation de 29,16 % sur un an et ont manifesté dans plusieurs quartiers de la ville en faisant entendre leurs slogans : « Pas de charité, mais une convention collective », « Nous ne voulons pas de salaires de misère », « La victoire sera celle des travailleurs qui résistent », « Nous voulons être rémunérés à la hauteur de notre sueur. »
Ercan Gül, représentant de Genel-Is, le syndicat auquel ils sont affiliés, a déclaré dans un communiqué au sujet des négociations qui avaient duré cinq mois et demi : « La municipalité a expliqué les difficultés économiques qu’elle-même rencontre. Nous essayons de les comprendre, mais il nous est impossible d’accepter les augmentations qu’elle propose ».
Il s’agit de la première grève dans l’histoire de la métropole d’Izmir. La direction a tenté de menacer les grévistes, de leur faire signer un contrat individuel pour qu’ils reprennent le travail, et de monter la population contre eux. Mais les grévistes ont refusé et la grève, qui a interrompu de nombreux services tels que la collecte des ordures, le nettoyage, les travaux publics, les parcs et jardins, les services sociaux, est restée soutenue par la population.
Les grévistes revendiquaient également l’égalité salariale entre employés de la municipalité, comme l’a déclaré l’un des représentants du syndicat lors d’un rassemblement : « Nous voulons toucher le même salaire que nos collègues qui font le même travail et travaillent au même endroit que nous. »
Selon le syndicat, la direction refusait d’appliquer l’ajustement des salaires au bout de trois mois d’inflation consécutifs qui est prévu par un accord passé il y a plusieurs années. Elle refusait aussi le rattachement des agents de sécurité à la convention collective, contrairement à la loi, avec pour conséquence des inégalités salariales importantes : « Pour le même travail, l’un reçoit cinq fois plus que l’autre », a dénoncé un syndicaliste.
Finalement, le 4 juin, la direction de la municipalité a été contrainte de signer un accord prévoyant une augmentation de salaire de 30 % s’appliquant rétroactivement aux six premiers mois de l’année 2025, puis une nouvelle augmentation de 19 % à compter de juillet.