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Dans le monde
Ukraine : les banques françaises profitent de la guerre
En accord avec les institutions financières internationales, une instance de l’État ukrainien vient d’avaliser la potentielle privatisation de deux banques. Or le secteur bancaire que l’État contrôle aujourd’hui à un peu plus de 50 % est en plein essor et ses profits pourraient continuer d’augmenter lors de la reconstruction.
L’économie de guerre est aujourd’hui déjà synonyme de records pour les banques en Ukraine. Elles y ont cette année doublé leur chiffre d’affaires par rapport à 2020, pour atteindre un bilan global de 1,6 milliard d’euros. C’est notamment sous l’égide du Crédit agricole, qui se vante d’être numéro un du financement local de l’agriculture et des PME, que Rheinmetall, entreprise d'armement allemande, a pris des participations dans UDI, le conglomérat de l’armement ukrainien. BNP Paribas revendique pour sa part la position de « leader en termes de clientèle d’entreprises multinationales » en Ukraine. Et les affaires en Ukraine vont bon train, dopées par le développement de fabriques de drones et de missiles, dont les commandes sont assurées par l’État et qui partent aussi à l’exportation.
L’État ukrainien a jusqu’à présent choisi d’exercer sur les banques implantées en Ukraine un certain contrôle : tout en assurant leurs profits, il leur a interdit d’exporter des capitaux, et leur a imposé des taxes exceptionnelles. En 2023, l’État avait nationalisé la Sense Bank, qu’il projette de privatiser de nouveau. À l’époque, il l’ôtait des mains d’un oligarque lié à la Russie.
Les possibles privatisations à venir et le passage de banques dans d’autres mains ne sont pas le signe de moins de pillage mais d’un pillage mené cette fois par des oligarques ukrainiens, des actionnaires européens ou américains.
Ce n’est pas non plus une politique profondément différente : c’est la prolongation du partage de l’Ukraine par les grandes puissances, dont l’État ukrainien, ses oligarques, sont le relais depuis des années.
La possible période de reconstruction, ouvre aux banques la gestion d’un marché estimé à 500 milliards de dollars. Elles ont gagné gros pendant la guerre, elles comptent faire mieux ensuite.