Ukraine : diplomatie sur fond d’hécatombe14/05/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/05/une_2963-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C5%2C1265%2C1645_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine : diplomatie sur fond d’hécatombe

À la veille du 15 mai, la question restait ouverte : ce jour-là, le président russe, Poutine, irait-il à Istanbul et accepterait-il d’y rencontrer son homologue ukrainien Zelensky, comme semblaient le prévoir les dirigeants des États-Unis ?

De toute façon, ces pourparlers n’avaient guère de chance d’aboutir, Washington, auquel se sont ralliés Kiev et l’Union européenne, proposant un cessez-le-feu de 30 jours. Or, le Kremlin y met un préalable : la conclusion d’un accord de paix. Kiev, de son côté, refuse de signer un tel accord avec une Russie en position de force. De plus, le parrain américain des négociations a redit qu’il tenait pour acquis que la Crimée et le Donbass occupés resteraient russes.

À défaut de pouvoir le démontrer, Zelensky clame qu’il ne cédera pas un pouce de terrain. Il doit le faire face à d’éventuels rivaux, mais aussi vis-à-vis d’une population à laquelle son régime a imposé d’immenses sacrifices au nom de la défense de la patrie. D’autant plus que cette population sait bien que les nantis du régime ukrainien, hauts bureaucrates et oligarques, se sont outrageusement enrichis durant cette guerre.

En face, Poutine se doit lui aussi d’afficher la plus grande fermeté, et pour les mêmes raisons fondamentales. Il sait que son « opération spéciale » n’a pas obtenu ce qu’il espérait – balayer le régime ukrainien en quelques jours – et que, en fin de compte, il devra sans doute se contenter de ce que Trump lui laissera prendre.

En attendant, chaque jour des drones russes et ukrainiens font de plus en plus de dégâts et de victimes parmi les populations, la moindre modification de la ligne de front se mesure en dizaines de soldats tués et blessés. Le journal Le Monde peut parler de « week-ends d’intenses manœuvres diplomatiques », ce sont d’incessantes manœuvres guerrières que subissent de mille et une façons les travailleurs et petites gens d’Ukraine et de Russie à l’arrière comme au front.

Pour l’instant, cela n’a d’autre résultat visible que de répandre toujours plus de sang. Toutes les parties en présence savent pourtant à quoi les négociations actuelles vont aboutir et ont déjà abouti : pour Moscou, à des gains de territoire au détriment de Kiev et à la captation des richesses et industries, minières et métallurgiques notamment, qui s’y trouvent. S’agissant de Washington, il y a la mainmise des géants américains des affaires sur l’immense marché de la reconstruction de l’Ukraine. Cela a été acté par Zelensky et son Parlement dans la foulée de la cession – en fait, de l’extorsion par les États-Unis – des fameuses terres rares d’Ukraine, à quoi s’ajoutent bien d’autres ressources minérales et énergétiques sur lesquelles ont « légalement » fait main basse des trusts américains.

Après cela, il reste sans doute encore des « détails » à régler autour de la table des négociations, dites de cessez-le-feu ou de paix. Mais il est plus probable que cela se fera dans les coulisses d’Istanbul ou d’ailleurs, où les représentants des possédants et dirigeants américains, russes et ukrainiens décideront, dans le dos des peuples et à leurs dépens, de la suite, sinon de la fin de cette guerre qu’ils leur ont imposée.

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