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Vallée de la chimie – Lyon : industriels empoisonneurs
Au sud de Lyon et au bord du Rhône, la « vallée de la chimie » comprend une raffinerie, de nombreuses usines chimiques, mais aussi les quartiers populaires de Pierre-Bénite, Saint-Fons, Feyzin ou Vénissieux, qui sont construits juste à côté.
La presse locale vient de divulguer un nouvel exemple de produit dangereux répandu dans l’environnement : l’usine Kem One de Saint-Fons (ex-Saint-Gobain, puis Rhône-Poulenc, puis Arkema) est accusée d’avoir répandu dans l’atmosphère des centaines de tonnes du gaz CVM (chlorure de vinyle monomère), suspecté d’endommager le foie et de favoriser plusieurs cancers. Cette pollution s’ajoute au scandale de la contamination aux PFAS, appelés polluants éternels, par l’usine d’Arkema et Daikin située juste en face, sur la rive opposée du Rhône : des analyses ont révélé des taux très importants de ces PFAS dans le sang de salariés et de riverains.
Pour ce qui est du CVM, il sert à produire le plastique PVC qu’on retrouve dans les encadrements de fenêtre, les tuyaux gris sous les éviers, les cartes bancaires ou encore les canalisations d’eau. Sa dangerosité était connue depuis 1959 aux États-Unis, mais dans les années 1960 les ouvriers de la Vallée de la chimie le manipulaient sans aucune protection, et plusieurs dizaines en sont probablement décédés, avant que des mobilisations des travailleurs et de la CGT n’imposent quelques protections.
On apprend maintenant que cette usine continue à rejeter du gaz dangereux dans l’atmosphère, augmentant les risques de cancer pour les travailleurs des usines voisines, ainsi que pour les habitants de plusieurs quartiers de la ville populaire de Saint-Fons.
L’usine appartient au groupe Kem One, qui avait été au bord de la faillite en 2013, avant de se transformer en poule aux œufs d’or pour l’affairiste français Alain de Krassny, qui l’avait rachetée pour 5 millions et l’avait revendue en 2021 au fonds d’investissement américain Apollo pour 710 millions !
Les grands groupes comme Arkema ont vendu à la découpe les sites qu’ils considéraient les moins rentables. Ces sites sont alors devenus des proies pour des spéculateurs, qui ne font que passer puis vont placer leur argent ailleurs avec la bénédiction de l’État. Les travailleurs et les riverains, eux, restent et subissent les conséquences de cette pollution. Pour protéger leur santé, ils devront se donner les moyens de contrôler eux-mêmes ce qu’il se passe dans les usines.