Vatican : mort d’un dealer d’opium du peuple23/04/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/04/P8-1_lopium_du_peuple_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-60%2C0%2C740%2C382_crop_detail.jpg

Dans le monde

Vatican : mort d’un dealer d’opium du peuple

Il peut paraître hallucinant qu’au 21e siècle, alors que l’humanité maîtrise les satellites, la fibre optique et les réseaux sociaux, ces moyens techniques performants servent à relayer les discours et les prêches du chef de l’Église catholique dont la mort est pleurée par quelque 1,3 milliard de fidèles dans le monde.

Illustration - mort d’un dealer d’opium du peuple

Depuis presque 2 000 ans, avec des crises, des schismes et surtout de multiples mises à jour de sa doctrine, au gré des transformations de la société, l’Église catholique s’est montrée capable de maintenir son appareil et d’étendre son influence sur des centaines de millions de personnes sur tous les continents.

L’une des fonctions des papes qui se succèdent à Rome est d’incarner les vertus supposées de la foi chrétienne, de sembler se préoccuper des pauvres et des orphelins, des migrants qui meurent dans la Méditerranée comme du curé de Gaza soumis aux bombes de l’armée israélienne, d’admettre le divorce et l’homosexualité après les avoir réprouvés et combattus.

Dotée d’une grande capacité d’adaptation, dégainant au bon moment le pardon et l’autoabsolution, l’Église catholique sait faire oublier les horreurs qu’elle a perpétrées quelques temps auparavant. Ainsi, elle a mis trois cents ans pour réhabiliter Galilée qui affirmait que la Terre tourne autour du soleil et plusieurs siècles pour s’excuser des crimes commis par les Chrétiens contre les Juifs.

Sur le fond, la force de l’Église catholique, comme celle de toutes les religions, est d’offrir une réponse, simple sinon simpliste, aux angoisses en apparence sans solution dans lesquelles la folie de la société plonge des milliards d’êtres humains. Et elle le fait en s’appuyant sur des siècles de traditions bien rodées et le poids des relations sociales. Marx, qui militait pour que les prolétaires, la classe sociale qui produit tout, se révoltent et remplacent le capitalisme par une organisation communiste de toute la société, écrivait en 1842 : « La religion est, d’une part, l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. Elle est l’opium du peuple. » Dans un monde où les inégalités et les injustices les plus criantes ne cessent de se développer, la religion continue d’avoir cette fonction essentielle et en tire sa permanence. Elle ne la perdra pas tant que durera l’oppression.

Napoléon, qui a rétabli le pouvoir de l’Église catholique après la période de la Révolution française qui l’avait combattue, avait formulé la même idée avec une tout autre conclusion. Pour lui, « l’inégalité des fortunes ne peut exister sans la religion. Quand un homme meurt de faim à côté d’un autre qui regorge, il lui est impossible d’accéder à cette différence, s’il n’y a pas là une autorité qui lui dise : Dieu le veut ainsi. »

S’il fallait une preuve que l’Église catholique, et son chef, conservent un rôle irremplaçable pour maintenir l’ordre et prêcher la résignation aux exploités, il suffit de regarder comment les Trump, Poutine, Milei, Macron et autres fauteurs de guerre, réactionnaires et exploiteurs qui dirigent le monde, se précipitent pour rendre hommage au pape décédé. C’est peut-être cette alliance toujours renouvelée du sabre et du goupillon, des dieux et des riches, qui finira par faire perdre la foi en l’Église, la papauté et tout le fatras qui leur est associé.

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