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Dans les entreprises
Vencorex – Grenoble : licencieurs et pollueurs
Depuis le 7 mai, sur la plateforme chimique de Pont-de-Claix dans l’Isère, plus de 400 travailleurs de Vencorex sont licenciés. Seul l’atelier Tolonate et ses 54 salariés, repris par BorsodChem, la filiale hongroise du chinois Wanhua, continue de fonctionner.

Ce démantèlement brutal laisse aussi entier le problème de la pollution de ce site de quelque 120 hectares, classé Seveso « seuil haut » en raison des risques liés aux matières premières utilisées et à ses productions. Des explosions mortelles s’y sont produites à plusieurs reprises par le passé et l’amiante, utilisé massivement bien après son interdiction officielle grâce à des dérogations, y a empoisonné des centaines de salariés.
Durant plus d’un siècle, des centaines de tonnes de produits parmi les plus toxiques ont été lâchées dans l’atmosphère, le vent permettant opportunément d’éviter que des nuages toxiques ne touchent les populations environnantes. D’autres furent déversées dans la rivière voisine, le Drac. Les sols sont durablement pollués et des interdictions de consommer les produits des jardins ont été prononcées sur un vaste périmètre. D’autres déchets enfin, des dizaines de milliers de mètres cubes, ont été enfouis dans les sous-sols, puis récemment entourés d’un sarcophage de béton.
Interrogé le 5 mai par une commission d’enquête parlementaire sur la dépollution du site, Jean-Luc Béal, ancien PDG de Vencorex, a avoué que son coût, estimé à plusieurs milliards par certains, n’avait pas même été calculé. L’entreprise n’en a pas moins touché 80 millions d’euros d’aides publiques de 2012 à 2024, dont la moitié, un comble, dans le cadre du nouveau Plan de prévention des risques technologiques. Et d’ajouter sans complexe : « Le coût de la dépollution est un chiffre certainement très élevé. Mais nous sommes incapables de le chiffrer, parce qu’on ne connaît pas nous-mêmes, après douze ans de présence, la pollution de la plateforme ». Les uns après les autres, les propriétaires successifs (Rhône-Poulenc, Rhodia, jusqu’à Vencorex) se sont contentés de déverser leurs déchets dans une immense fosse et d’exercer une surveillance par un système de prélèvements et de sondages.
Pour les capitalistes et leurs actionnaires, c’est toujours « après nous le déluge ». Que vont devenir ces déchets toxiques à l’avenir ? Qui assumera le coût de la dépollution ? Pour en assumer la charge, ces gens-là comptent de nouveau sur les pouvoirs publics… qui la transféreront d’une façon ou d’une autre à la population. Les pollueurs refusant d’être les payeurs, les fortunes qui ont été accumulées par les actionnaires et leurs prête-noms durant des décennies grâce à l’exploitation des travailleurs du site devraient être réquisitionnées !