Ville d’Angers : “ras-le-bavoir !”27/05/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/05/une_2965-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ville d’Angers : “ras-le-bavoir !”

Jeudi 22 mai, plus de 150 travailleuses municipales employées dans les crèches de la ville d’Angers se sont retrouvées devant la mairie pour revendiquer le versement sur leur salaire d’un « bonus attractivité » de 100 euros net. Elles étaient encore plus d’une centaine en grève le lendemain.

Ce bonus étant touché par leurs collègues de Cholet, Saumur et Nantes, ces travailleuses ne voient pas pourquoi elles en seraient exclues car, comme elles le disent haut et fort, « l’amour du métier ne paye pas les factures ». À leur revendication, Béchu, maire Horizons et ex-ministre de Macron, répond qu’il aurait déjà revalorisé leurs salaires récemment, et il a même écrit aux parents en ce sens. Mais les mini-coups de pouce ne font pas un salaire décent. Les 2 000 euros ne sont souvent atteints qu’au bout de trente ans, quand on commence à être bien usée, physiquement et psychologiquement.

La pétition en faveur du bonus a déjà été signée par plus de 170 travailleuses des crèches sur 220, et elle l’est par de plus en plus de parents, visiblement pas convaincus par le message du maire. Ils comprennent bien l’exaspération des agentes quand elles affichent sur leurs pancartes : « Les couches sont pleines, pas le porte-monnaie ».

« Je ne désespère pas d’un retour à la raison », a osé déclarer Béchu après la première manifestation. Cela explique peut-être le succès de la suivante ! Il argue qu’il n’y aurait pas assez d’argent dans les caisses municipales pour attribuer le bonus, dont 66 % du montant serait versé par la CAF jusqu’en 2027. Comme si 34 euros par mois pour 220 agentes allaient ruiner la municipalité...

Selon l’élue chargée des relations humaines, les éducatrices, puéricultrices et auxiliaires devraient être contentes de leur sort, car leurs métiers seraient encore moins bien payés dans le privé. L’argument, pathétique, ne fait qu’illustrer le bas niveau général des salaires. Sur le même thème, le maire s’est fait menaçant, évoquant une éventuelle cession des crèches au privé, si d’aventure elles devenaient trop chères à cause des hausses de salaires.

Les élus expliquent aussi que verser le bonus obligerait à augmenter les impôts locaux. Cette ritournelle vise à introduire un coin entre les grévistes et la population. Mais c’est un mensonge : la ville aurait tout à fait les moyens de verser cette prime, à condition de cesser les « aides au développement économique » qui ne profitent qu’aux capitalistes, et de renoncer au coûteux projet d’armer les policiers municipaux.

Un bonus n’équivaut certes pas à une augmentation du salaire de base. Mais il est curieux de voir Béchu rejeter le « bonus attractivité » créé en 2024 par un gouvernement Attal... dont il faisait partie.

La grève dans les crèches angevines, d’une ampleur sans précédent, démontre en tout cas que les travailleuses qui les font tourner ne s’en laissent pas compter. Leur mouvement est sans doute loin d’être terminé.

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