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Dans les entreprises
Voitures thermiques : l’UE au service des constructeurs automobiles
En 2022, disant vouloir lutter contre la pollution, le Parlement européen avait promis la fin des voitures à moteur thermique pour 2035 sur son territoire. Trois ans plus tard, sous la forte pression des trusts du secteur, la présidente de la Commission européenne est revenue en arrière sur ces annonces.
Le 12 septembre en effet, une réunion a regroupé les patrons des trusts automobiles européens, ainsi que des équipementiers d’un côté et les responsables de la Commission européenne de l’autre ; même si pour faire bonne figure il y avait aussi des syndicats et même l’ONG Transport & Environnement. Sans surprise, ces derniers n’ont pas donné le ton. En revanche, le président de l’ACEA (l’association des constructeurs européens d’automobiles), Ola Källenius, par ailleurs PDG de Mercedes, a su imposer le point de vue de ce secteur capitaliste en évoquant pas moins que « la menace de l’effondrement du secteur » si l’interdiction des ventes des voitures thermiques neuves était maintenue en 2035.
Selon l’ACEA « La Commission aurait reconnu que des adaptations étaient nécessaires pour les voitures particulières, les véhicules utilitaires et les poids lourds, même si l’électrification reste la priorité. » Ursula von der Leyen a accepté de provoquer plus vite que prévu la réunion censée faire un point d’étape en vue de l’interdiction prévue en 2035. C’est déjà céder aux desiderata des constructeurs automobiles, qui veulent continuer à produire des voitures thermiques dont la rentabilité est meilleure que celle des voitures électriques. Ils accusent la faiblesse des ventes de voitures électriques… tout en ayant gardé des prix très élevés pour ces voitures qui les rendent inaccessibles à toute une fraction de la population.
Les dirigeants des groupes européens réclament aussi plus de flexibilité. Ils voudraient que les voitures hybrides rechargeables soient exemptées de l’interdiction de vente en 2035. Ils voudraient aussi qu’après cette date, des voitures comportant un petit moteur à essence ou diesel pour recharger la batterie soient considérées comme des voitures électriques et autorisées à la vente.
Mais ce n’est pas tout. Le PDG de BMW réclame qu’on laisse aux entreprises la liberté sur les moyens de parvenir à « la neutralité carbone », ce qui serait la liberté de mentir, de truquer les tests, de cacher les anomalies comme elles ont toujours su le faire, que ce soit pour les airbags Takata ou lors du « dieselgate ».
Les trusts français, eux, veulent des « assouplissements », et surtout une « aide » immédiate pour les petites voitures actuelles qui sont considérées comme non polluantes. Il s’agit de ne rater aucune occasion pour réclamer des cadeaux. L’argument clé des trusts est d’ailleurs la nécessité de favoriser l’industrie en Europe. Tous réclament que la Commission planche sur des « incitations » afin de privilégier les équipementiers européens, autrement dit des cadeaux en plus pour continuer à produire du thermique puisque des cadeaux pour produire de l’électrique, ils en ont déjà. C’est ainsi que le gouvernement Macron a octroyé dernièrement une prime de 1 000 euros pour l’achat d’une voiture électrique, à condition que la batterie soit fabriquée en Europe.
Évidemment dans toutes ces tractations pèse la crainte de la concurrence des entreprises chinoises ou américaines et la guerre commerciale n’est jamais très loin. En revanche, ce qui en est bien absent, c’est l’intérêt général. Déjà, ceux qui ont vu dans la voiture électrique la solution au désastre de la pollution ne se sont pas posé toutes les questions, entre autres sur l’origine des minerais nécessaires pour les batteries, et la façon de les traiter une fois finies, rendant assez illusoire le fait que la voiture électrique soit une réelle avancée écologique. Mais les reculs attendus des institutions européennes montrent qu’il est vain d’attendre des solutions à la crise climatique dans une société dirigée par les capitalistes.