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Yémen : la nouvelle guerre des États-Unis
Dimanche 20 avril, des bombardements américains sur un marché populaire situé en plein centre de Sanaa, la capitale du Yémen, ont fait douze morts et trente blessés. Ils auraient également visé la province de Marib, dans le centre du pays, le port d’Hodeida, dans l’Ouest, et la ville de Saada.
Depuis le 15 mars, les États-Unis multiplient les attaques contre les Houthis, au pouvoir dans la plus grande partie du Yémen depuis plus de dix ans. Les 17 et 18 avril, l’armée américaine aurait détruit le port de Ras Issa, un port pétrolier sur la mer Rouge, faisant 80 morts et 150 blessés. Le porte-parole du ministère de la Santé de l’administration houthi, Anees Alasbahi, a annoncé à l’AFP que depuis un mois, près de 200 personnes ont été tuées dans des bombardements américains.
Les Houthis, dont le nom dérive de celui de leur fondateur, se sont développés en s’appuyant sur la minorité zaydite, proche de l’Islam chiite. Partis d’une région du nord du Yémen, ils se sont opposés au pouvoir dictatorial et corrompu du président Saleh, soutenus par les États-Unis, et leur alliée dans la région, l’Arabie saoudite. Ils sont finalement parvenus au pouvoir à la faveur du Printemps arabe en 2011. Ils s’y maintiennent depuis, malgré les dix années de la guerre menée à partir de 2015 par le pouvoir saoudien pour les en déloger.
Le fait de défier ainsi un allié des États-Unis serait une raison suffisante pour les dirigeants impérialistes de s’en prendre aux Houthis. Mais, de plus, depuis le début de la guerre menée par Netanyahou contre Gaza, les Houthis mènent des attaques contre les navires israéliens et américains en mer Rouge pour affirmer leur soutien aux Palestiniens, ce qui perturbe le commerce international. Et surtout, ils sont soutenus et armés, au moins en partie, par le régime iranien que les dirigeants impérialistes voudraient affaiblir. Ce n’est pas un hasard si l’offensive américaine contre le port de Ras Issa est survenue peu avant les pourparlers indirects du 19 avril tenus en Italie entre les États-Unis et l’Iran. Les bombardements américains contre le Yémen sont ainsi autant de menaces adressées au pouvoir iranien. Trump menace ouvertement d’une intervention des États-Unis au Moyen-Orient, visant l’Iran et tous ceux qu’ils considèrent comme des trouble-fête, des Palestiniens aux Houthis.
C’est une catastrophe de plus qui s’abat sur le peuple yéménite, qui paie déjà par la famine et d’innombrables destructions les dix années de guerre menées par l’Arabie saoudite, et le prix de la domination impérialiste sur le Moyen-Orient.