4 jours de grève à JTEKT (banlieue de Dijon)28/07/20252025Brèves/medias/breve/images/2025/07/illustration_sans_titre-5-1.webp.420x236_q85_box-0%2C201%2C768%2C633_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

4 jours de grève à JTEKT (banlieue de Dijon)

Illustration - 4 jours de grève à JTEKT (banlieue de Dijon)

            En septembre dernier, l’usine de fabrication de directions automobiles, l’ex-Peugeot, devenue JTEKT, filiale de Toyota, a annoncé des licenciements. En réalité, depuis plusieurs années, les départs à la retraite n'étaient plus remplacés et les intérimaires renvoyés. La hiérarchie du site prépare depuis longtemps une réduction de la voilure qui pourrait aller jusqu’à la fermeture.

            Dans l’usine, réduite aujourd’hui à moins de 500 personnes, depuis septembre, le groupe a officiellement mis en route toute la machinerie des plans de licenciements, en s’associant l’État, les pouvoirs locaux et les syndicats pour les préparer. Ces réunions de toutes les instances ont servi à lanterner les ouvriers sans leur donner la moindre information.

            En janvier, une première vague de 85 licenciements a été annoncée. La date fatidique approchant, les syndicats dont FO majoritaire et proche de la direction, ont appelé chaque équipe à faire quelques heures de débrayage, en milieu de poste, le 23 juin.  Encouragés par cette première action, largement suivie par les travailleurs, les syndicats l’ont renouvelée la semaine suivante. 

 

La grève commence !

Mais cette fois, l’équipe de nuit a débrayé avant l’heure fixée, et a continué durant toute la nuit du mercredi 2 au jeudi 3 juillet. Les voyant en grève, une partie de l’équipe du matin a repris le flambeau. À l’heure prévue pour le débrayage en milieu de matinée, ces grévistes ont été rejoints par quasiment toute leur équipe. 

Sur le piquet de grève, l’ambiance était particulière car malgré le grand nombre de présents, les représentant syndicaux étaient discrets pour ne pas dire absents, comme s’ils voulaient que s’installe une atmosphère de défaite. Mais devant ce laisser-aller démoralisant, un noyau de grévistes a décidé de prendre les choses en main pour organiser le nécessaire : les prises de paroles, l’abri des grévistes, le piquet et la communication entre les équipes.

 

Au point que…

Le lendemain, la très célèbre DRH de l’usine, connue de tous pour sa dureté doucereuse, a demandé à rendre visite aux grévistes. D’un vote unanime, l’équipe du matin a refusé, suivie par celle d’après-midi. Dans cette usine, où les traditions héritées de Peugeot puis de Toyota, sont celles d’une hiérarchie de combat, qui pratique un vrai dressage avec des cadences infernales, des insultes et un flicage permanent, ce refus unanime aura été le point fort de la journée et une affirmation de l’indépendance des grévistes.

 

Des ouvriers grévistes et déterminés !

La grève s’est poursuivie encore deux jours pendant lesquels les grévistes, 120 au moins, ont cherché à s’adresser aux non-grévistes pour renforcer le mouvement. Le nombre de grévistes n’a pas augmenté. De son côté, la direction, qui devait annoncer le résultat des négociations, a fait durer et finalement, n’a rien annoncé, pas plus que les syndicats. Puis les syndicats ont commencé à contester l’organisation indépendante des ouvriers sur le piquet, qui n’en n’ont pas tenu compte.

 

Une reprise ensemble : comme si le combat était loin d’être fini.

Face au risque d’essoufflement, les grévistes ont fait le choix de rentrer tous ensemble, la tête haute. Alors qui a gagné ? Pas la direction qui a été agitée pendant quatre jours alors qu’elle pensait mener son monde par le bout du nez, pas les ouvriers grévistes non plus. Mais ils ont retrouvé le chemin de la solidarité entre eux, indépendamment de toutes les autorités habituelles, avec, en plus, l’expérience qu’il n’y a pas besoin d’étiquette pour se battre ; il y a besoin seulement d’avoir la conviction de partager les mêmes intérêts et de vouloir bâtir une cohésion entre tous.

 

Une reprise mais un changement d’air (ère ?)

            Après une semaine de flou dans l’usine pendant laquelle ni les chefs ni la direction n’osaient trop affronter les ouvriers, la direction a fini par installer ce qu’’elle appelle « le regain », c’est-à-dire un travail supplémentaire en fin de journées, véritable institution de torture pour les ouvriers à la chaine qui a toujours été honni. 

            Mais cette fois, tout le monde a parfaitement conscience que ce n’est qu’une tentative pour faire rentrer les ouvriers dans le rang et les protestations s’installent peu à peu au point que la production, même avec le « regain », a été inférieure à ce qu’elle était pendant la grève, des résultats plus que décevants pour la direction !

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