une entreprise de démolition sociale

La mairie de Mérignac, Bordeaux Métropole et le bailleur social, Domofrance, ont lancé fin juin un "projet de renouvellement urbain" sur la cité Yser de Mérignac. Cette cité, qui date de 1959, regroupe 350 logements populaires, avec des loyers qui sont aujourd'hui parmi les plus faibles de la commune. A part la rénovation des entrées et des cages d'escalier dans les années 1990, cette cité n'a pas été vraiment entretenue, les planchers de certains appartements sont d'origine, avec des parquets usés jusqu'à la corde, l'isolation laisse à désirer dans nombre de logements et l'humdité s'infiltre un peu partout. Si les augmentations de loyer sont limitées par la loi, ce n'est pas le cas des charges locatives qui se sont envolées ces dernières années, sans que l'habitat soit amélioré en quoi que ce soit. Les locataires avaient protesté, pétitionné et manifesté contre ces hausses de charges.

La méfiance à l'égard de Domofrance et de la mairie est donc légitime. Elle s'est encore exprimée lors des réunions de pseudo-concertations. Le projet consiste en la destruction de 92 logements, le percement d'une route, au détriment des jardins et des jeux entretenus par les charges locatives, et le déplacement du petit centre commercial et du centre médical.

Il n'est pas prévu que ces 92 logements populaires supprimés soient remplacés sur la cité, et s'ils le sont, à proximité, ce ne sera pas de toute façon aux mêmes conditions de loyer, toutes les opérations de renouvellement urbain se traduisant pour les locataires par des augmentations de loyer significatives allant jusqu'à plusieurs centaines d'euros, poussant les plus pauvres en dehors de l'agglomération. Ceux qui devront être relogés peuvent s'inquiéter de leur futur loyer. Quant à la promesse d'une meilleure isolation, uniquement extérieure, et d'une baisse des charges, les locataires se demandent bien pourquoi le bailleur a attendu 60 ans pour s'y atteler... A moins qu'il ne s'agisse que d'un effet d'annonce pour faire passer la pilule d'une opération qui ne répond pas aux attentes des locataires mais à celle d'un bailleur pas très social.