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Brève
SNCF
Préparer la riposte de tous

La presse, le gouvernement et la direction de la SNCF avaient depuis des semaines dénoncé l’appel à la grève la semaine du 8 mai des contrôleurs et d’autres catégories de cheminots. Ils les ont traités "d’irresponsables" et de "privilégiés" mais aucun ne décrivait la dégradation des conditions de travail, de roulement et de rémunération à l’origine du conflit. Farandou, le PDG de la SNCF, a fanfaronné dans les médias sur le fait que 90 % des TGV circulaient durant le week-end et la même presse a présenté cette grève comme un échec.
En réalité, malgré la division syndicale et les appels catégoriels, nombre de cheminots ont répondu présent aux différents appels à la grève. Chez les contrôleurs au TGV, celle-ci a été suivie avec des taux de grévistes au-dessus de 70 %, selon Sud-Rail. La direction n’a pu faire circuler les trains qu’en recourant à une armée de cadres grassement payés pour remplacer les contrôleurs grévistes.
En 2022, un appel à la grève partie d’un collectif de contrôleurs, le CNA, avait paralysé le réseau à l’échelle nationale. Depuis, la direction a cherché à s’en prémunir en formant à la va-vite, souvent à distance, des cadres n’ayant rien à voir avec le métier de contrôleurs, alors que ceux-ci ont aussi des fonctions de sécurité. Elle a utilisé ce dispositif en mars dernier dans le sud-est et elle était parvenue à faire rouler les trains alors que les contrôleurs étaient en grève à 90 %. Elle a renouvelé l’opération la semaine du 8 mai.
Beaucoup de contrôleurs pouvaient penser que leur présence indispensable au départ d’un train leur donnait un rôle stratégique. Et certains leaders syndicaux ont cultivé l’illusion qu’en réclamant sous forme catégorielle, corporatiste, il est plus facile de gagner. En réalité, et particulièrement dans cette période d’offensive du patronat, celui-ci veut au contraire montrer son intransigeance, dans le public comme le privé. Et il sait que s’il cède à certaines catégories, l’exemple fera contagion. Le patronat fait bloc, les travailleurs doivent en faire autant. Et si les cheminots entrent en lutte ensemble, conducteurs, contrôleurs, agents des gares, ouvriers des ateliers, aiguilleurs, les manœuvres antigrève de la direction apparaîtront dérisoires.
Ce n’est pas la stratégie poursuivie par les directions syndicales. Elles ont au contraire contribué à la division : Sud-Rail appelait avec le CNA à la grève des contrôleurs les 9, 10 et 11 mai, mais appelait chaque catégorie à part les jours précédents. La CGT avait appelé à entrer en lutte « dès le 5 mai », mais refusait d’appeler à la grève du 9 au 11 mai, même chez les contrôleurs. Nulle part les syndicats n’appelaient les cheminots à en décider.
Les cheminots devront mettre en avant les revendications pouvant unifier l’ensemble des travailleurs. Et ils devront s’assurer du contrôle de leur lutte pour déjouer toutes les manœuvres de division.