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Editorial
Pour défendre nos intérêts de travailleurs, ne comptons que sur nous-mêmes !

La chute de Bayrou, qu’aucun travailleur ne regrettera, a remis les cartes dans les mains de Macron. Nommera-t-il un énième Premier ministre ou dissoudra-t-il l’Assemblée nationale ? Cela met le monde politicien en ébullition, mais pour les travailleurs, cela ne changera rien de fondamental.
Même si cela débouchait sur de nouvelles élections, comme le demandent le RN ou LFI, et qu’il en sorte un gouvernement de gauche ou d’extrême droite, les travailleurs continueront de recevoir des coups.
Le RN de Bardella ne le cache pas : il se range dans le camp patronal auprès duquel il s’est engagé à couper le budget de l’État de 100 milliards d’euros. Qui fera-t-il payer, sinon les travailleurs qui subiront les coupes dans les services publics ? Le RN a déjà prévu d’imposer aux fonctionnaires trois jours de carence en cas d’arrêt maladie au lieu d’un jour actuellement. Et il s’en prendra aux travailleurs immigrés qui lui servent déjà de boucs émissaires.
Il n’y a pas non plus d’illusions à avoir dans le retour d’un gouvernement de gauche. Jamais la gauche n’a été capable de s’affronter au grand patronat. Aujourd’hui, elle parle de justice fiscale et prétend vouloir faire payer, un peu, les plus riches, mais n’oublions pas qu’au pouvoir, Hollande les a couverts de cadeaux. Et derrière les grandes phrases sur « les efforts partagés » et la taxation symbolique d’une poignée de riches, combien de couleuvres devront encore avaler les millions de travailleurs ?
Ni le RN ni la gauche ne veulent affronter le grand patronat et le forcer à rendre l’argent qu’il a allègrement puisé dans les caisses de l’État. Aucun ne veut le contraindre à desserrer son étreinte sur les travailleurs et lui imposer d’augmenter les salaires ou d’embaucher. Alors, laissons l’agitation parlementaire aux politiciens !
Le plus important est ce qui se passera dans les entreprises et dans la rue. Les initiatives se multiplient pour mercredi 10 septembre, et la colère contre les sacrifices imposés aux classes populaires s’exprimera.
Mais pour que cela commence vraiment à changer le véritable rapport de forces, il faut que les travailleurs en soient et que leur mobilisation vise, au-delà de Macron, les commanditaires et les premiers profiteurs de toutes ces attaques, c’est-à-dire le grand patronat, les actionnaires du CAC40, la grande bourgeoisie.
Il y a une chose et une seule qui inquiéterait vraiment Macron et la classe capitaliste qu’il représente si bien, c’est que se développe une mobilisation dans les entreprises avec des discussions, des rassemblements, des assemblées générales, des débrayages, des grèves. Car la grande force des travailleurs est d’être indispensables à la grande bourgeoisie, à la production de ses profits et à la bonne tenue de ses cours boursiers.
Avec la grève, les travailleurs ont la capacité de toucher la bourgeoisie en plein cœur, c’est-à-dire à son portefeuille, et c’est ce qui leur donne une arme plus puissante que toutes les pétitions en ligne, les boycotts ou les blocages. Les travailleurs, qui sont des millions à partager la même colère et l’envie que les choses changent, ont à reprendre confiance dans leur propre force.
C’est d’autant plus difficile que les confédérations syndicales se complaisent dans l’inaction, voire le sabotage des mobilisations venues d’en bas. Celles-ci ont, en effet, attendu plus d’un mois et demi après la déclaration de guerre de Bayrou pour s’adresser aux travailleurs. Entre-temps des appels pour le 10 septembre sont apparus sur les réseaux sociaux, et tout ce que les grands chefs syndicaux ont trouvé à faire a été de les dénigrer. Alors que certains syndicats locaux et d’entreprises se sont ralliés au 10, les confédérations syndicales organisées en intersyndicale ont proposé et militent pour une autre date, le 18 septembre.
C’est la vérité des prix ! Pour lutter contre les attaques patronales et gouvernementales, il ne faut pas compter sur les grands chefs syndicaux et il faut passer par-dessus leurs manœuvres de division et leur volonté de tout contrôler.
Les travailleurs qui veulent se mobiliser n’ont besoin de l’autorisation de personne. Pour empêcher toute récupération syndicale ou politicienne, il faut qu’ils s’organisent et dirigent eux-mêmes leur lutte, en créant leurs propres comités de lutte.
Oui, il est plus que temps de demander des comptes au grand patronat ! Et pas seulement pour la dette dont il porte la responsabilité, mais pour toute sa politique antiouvrière et pour son système qui nous embarque dans la crise et dans des guerres immondes.