Agriculture : les gros refusent les contraintes27/05/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/05/P5-1_FNSEA_ol_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C1027%2C578_crop_detail.jpg

Leur société

Agriculture

les gros refusent les contraintes

Le 26 mai, sous la pression des agriculteurs de la FNSEA dont quelques centaines se sont déplacés à Paris, l’Assemblée nationale examinait le projet de loi Duplomb, destinée à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ».

Illustration - les gros refusent les contraintes

Le principal objectif de cette loi est de restaurer l’usage de produits phytosanitaires interdits pour des raisons environnementales, comme un insecticide utilisé par les betteraviers et qui menace la survie d’insectes pollinisateurs. La loi prévoit également d’assouplir les conditions pour construire des élevages de porcs ou de volailles de grandes tailles. Elle vise à faciliter le stockage d’eau pour l’irrigation, comme les fameuses mégabassines dont l’installation a été combattue par des dizaines de milliers de manifestants.

Pour l’essentiel, cette loi reprend les exigences formulées par les agriculteurs mobilisés en janvier 2024 par les deux principales fédérations agricoles, la puissante FNSEA et celle qui l’a concurrencée lors des dernières élections agricoles, la Coordination rurale. Comme on n’est jamais si bien servi que par soi-même, le rapporteur de cette loi, Laurent Duplomb, sénateur LR, est lui-même propriétaire d’une exploitation agricole, ancien président FNSEA de la chambre d’agriculture de Haute-Loire et président du groupe laitier Sodiaal. C’est dire que cette loi est taillée sur mesure pour satisfaire aux exigences des gros exploitants agricoles qui, sous prétexte de la concurrence déloyale de pays européens non soumis à ces interdictions, refusent ces contraintes. Elle est d’ailleurs contestée par la Confédération paysanne, qui dénonce « le lobbying de l’agrobusiness » et « l’accélération de la concentration des fermes ».

Au Parlement, la loi est soutenue par une large alliance, réunissant les macronistes, le Modem, LR, ainsi que le RN. Tous ceux-là, draguant les agriculteurs qui votent à droite et même de plus en plus à l’extrême droite, se posent en défenseur de « l’agriculture française ». De leur côté, au nom de la défense des insectes, de l’environnement et des paysans qui pratiquent l’agriculture raisonnée, LFI et les écologistes se sont lancés dans une bataille d’amendements pour empêcher l’adoption de cette loi. Pour la faire passer facilement, le rapporteur a dégoté une nouvelle ficelle parlementaire, la « motion de rejet préalable » : cette proposition de loi a été rejetée avant tout débat et est donc renvoyée à une commission mixte entre sénateurs et députés, dans laquelle la droite est majoritaire, ce qui sauvera l’essentiel des dispositions.

Pour défendre les intérêts des petits agriculteurs qui vivent de leur propre travail, la santé de la population ou le maintien de la biodiversité, pas plus au fond que pour empêcher la réforme des retraites ou bloquer une loi antiouvrière, on ne peut compter sur le cirque parlementaire.

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