États-Unis : l’offensive antiouvrière de Trump27/05/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/05/P12-1_Trump_grande_et_belle_loi_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-122%2C0%2C878%2C426_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis

l’offensive antiouvrière de Trump

Trump, qui veut faire voter le budget 2026 de l’État fédéral, l’a nommé « grande et belle loi », ce qu’elle est effectivement pour les riches. Les 100 milliards de dollars de baisse d’impôts par an que Trump avait institués lors de son premier mandat et qui devaient prendre fin cette année, sont en passe d’être pérennisés.

Illustration - l’offensive antiouvrière de Trump

Ce budget comporte aussi des attaques contre Medicaid, qui permet aux plus pauvres de bénéficier de quelques soins gratuits. Il impose de devoir travailler quelques heures pour y avoir accès, ce qui exclura de cette aide dix millions de personnes selon l’office budgétaire du Congrès. Même un sénateur républicain s’y oppose car, dit-il, c’est s’attaquer « aux travailleurs et à leurs enfants », précisant : « Plus de 20 % des habitants du Missouri [où il est élu] ont Medicaid, pas parce qu’ils le veulent, mais parce qu’ils sont trop pauvres pour se payer une assurance santé privée. »

Trump ayant promis à ses électeurs ouvriers de ne rien couper dans Medicaid, avait initialement prévu ces coupes en 2029 et dénoncé par avance comme traîtres les républicains qui amenderaient sa « grande et belle loi ». Or la majorité républicaine à la Chambre des représentants a souhaité que ces coupes soient effectives dès la fin 2026, au nom de la maîtrise du déficit budgétaire. C’est à présent au Sénat de se prononcer.

Lorsqu’il s’agit de gaspiller 150 milliards de dollars pour un hypothétique « dôme doré » antimissile, s’ajoutant aux 1 000 milliards du budget militaire, il n’est plus question de la dette fédérale qui gonfle. Pas plus que lors du vote sur les baisses d’impôt qui réjouissent les milliardaires.

En revanche, Trump impose une taxe supplémentaire de 3,5 % sur les envois d’argent que les travailleurs immigrés font à leur famille. Chaque année, 65 milliards de dollars sont ainsi transférés vers des pays pauvres, d’Amérique latine ou d’Afrique principalement. Ces sommes représentent jusqu’à 20 % du PIB du Guatemala ou d’Haïti. Mais les travailleurs concernés, qui payent déjà des impôts, verront donc la partie de leur salaire dont ils se privent pour faire vivre leur famille, taxée une seconde fois.

Toujours en pointe sur la démagogie anti-immigrés, Trump a réussi à faire avaliser par la Cour suprême la suspension du statut protecteur dont 350 000 immigrés vénézuéliens bénéficiaient jusque-là. Ils peuvent être arrêtés et déportés hors des États-Unis. Les immigrés cubains, haïtiens et nicaraguayens craignent d’être les prochains sur la liste et des millions d’autres sont aussi très inquiets.

Trump s’attaque ainsi à toute une partie de la classe ouvrière. Aux ouvriers blancs qui votent pour lui et qui subissent autant que les autres travailleurs l’érosion des salaires du fait de l’inflation, Trump n’offre qu’un étalage de préjugés racistes censé les contenter. C’est ce qu’il a fait en mettant en scène sa rencontre avec le président noir d’Afrique du Sud accusé de diriger un régime raciste antiblanc.

Trump se prétend aussi le représentant des « Américains moyens » contre l’élite universitaire. Depuis que des manifestations de protestation contre le soutien des États-Unis à la terrible guerre d’Israël contre les Palestiniens se sont déroulées l’an dernier dans des universités, Trump accuse celles-ci d’antisémitisme et veut les mettre au pas. Il a ainsi privé l’université d’Harvard de fonds fédéraux. Il lui est demandé de communiquer au FBI l’identité des manifestants, de renvoyer les enseignants ne s’étant pas opposés à ces manifestations, et dernièrement de ne plus accueillir d’étudiants étrangers.

Trump voudrait pouvoir imposer tout et n’importe quoi, même si la loi ne lui en donne pas le droit. Si quelques institutions résistent pour défendre leurs prérogatives, c’est un barrage bien faible. Tôt ou tard, la classe ouvrière des États-Unis elle-même devra se lever contre les initiatives de Trump et des capitalistes.

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