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- Lutte ouvrière n°2966
- Fin de vie : quelle mort digne dans une société indigne ?
Leur société
Fin de vie
quelle mort digne dans une société indigne ?
Mardi 27 mai, le texte sur le droit à l’aide à mourir a été adopté à l’Assemblée nationale par 305 voix contre 199. Mais il n’a pas encore passé le barrage du Sénat.
Cette nouvelle loi, beaucoup plus restrictive que dans bien des pays d’Europe, permettra à une personne majeure atteinte d’une affection grave et incurable de décider, sous réserve de l’accord d’un médecin, de mettre fin à son existence si elle estime que ses souffrances physiques ou psychologiques sont insupportables malgré les traitements. La décision du patient en souffrance sera donc soumise à l’accord d’un médecin, qui consultera un collège de confrères. Le médecin pourra faire valoir une clause de conscience.
La droite catholique s’est opposée au droit à l’aide à mourir pendant des années et continue de le faire. Pour elle, y recourir s’apparenterait à un suicide qui remettrait en cause « la volonté de Dieu ». Bayrou, en tant que Premier ministre, a donc voulu séparer les deux textes, l’un sur les soins palliatifs et l’autre sur l’aide à mourir, pour permettre aux députés de droite de voter plus facilement contre ce dernier. Il n’est donc pas dit que le texte passe tel quel puisqu’il doit être présenté au Sénat.
Pour autant, le député rapporteur du projet, Olivier Falorni, s’est réjoui bien vite en affirmant que cette loi porte « en son cœur les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité » et permettra de choisir une mort digne. Mais dans une société de classe, ce n’est pas si simple et cette nouvelle loi n’est qu’un modeste progrès.
Aujourd’hui, de nombreuses personnes malades ou simplement âgées sont obligées de renoncer à certains médicaments dits de confort parce qu’ils ne peuvent pas les payer. À l’hôpital, des malades sont poussés dehors faute de place et nombre d’entre eux vont mourir chez eux, sans soins palliatifs. À ce titre, la nouvelle loi votée promet d’ajouter un milliard au financement de ces soins mais cette somme, d’après les professionnels, sera insuffisante et ne permettra pas de faire face au vieillissement de la population. Quant au choix « libre et éclairé », combien de personnes aux revenus modestes seront tentées de choisir l’aide à mourir par crainte d’être à terme une charge financière pour leur famille ?
Cette loi peut apparaître comme un progrès acquis après un processus laborieux et interminable, mais dans une société qui ne connaît pas la justice sociale, quand on est pauvre, on ne peut pas plus espérer avoir une mort digne qu’on n’a pu vivre dans des conditions vraiment dignes.