Gaza : une entreprise d’extermination06/05/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/05/une_2962-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Gaza

une entreprise d’extermination

Le gouvernement israélien peut se vanter d’avoir sur la conscience – s’il en a une – la mort de plus de 52 000 Gazaouis en dix-neuf mois. Depuis que Netanyahou a décidé, le 18 mars, de rompre la trêve, deux mille habitants ont été tués, dont 437 au cours de la seule dernière semaine d’avril.

Contacté par téléphone par Le Monde, un pharmacien tentant d’aider à la survie dans un quartier de Gaza qualifie d’holocauste la guerre menée aux habitants. Malgré cela, déplore-t-il amèrement, « le monde ne semble pas dérangé qu’il y ait 50 morts par jour dans les bombardements. » Outre ceux-là et les attaques de drones qui terrifient la population 24 heures sur 24, le blocus total du territoire affame littéralement les deux millions de Palestiniens qui ne savent où se réfugier.

Des annonces hypocrites lancées par haut-parleur ou SMS par l’armée israélienne, appellent les Gazaouis à se déplacer lors d’un bombardement. Mais, il n’y a pas de zone qui soit un peu plus sûre. « Tout le monde est une cible à Gaza », dit le pharmacien.

Après avoir détruit les installations de fourniture d’électricité, visé systématiquement les générateurs, coupé l’accès à l’eau potable, rendu inutilisables les circuits d’évacuation des eaux usées, le gouvernement israélien empêche strictement la nourriture, les médicaments, le carburant, les produits de première nécessité de parvenir aux habitants, que ce soit par les canaux commerciaux ou par des réseaux humanitaires. Les journées des habitants se passent à tenter de trouver un peu de nourriture, de bois, d’eau. Certains tentent de pêcher avec, pour toute embarcation, une vieille porte de réfrigérateur. « Aucune aide n’entrera à Gaza », avait plastronné mi-avril le ministre de la Défense. Son succès est complet.

Le 2 mai, dans la nuit, des drones israéliens ont même visé et atteint un navire de la Flotille de la liberté, dans les eaux internationales au large de Malte. L’équipage de ce navire humanitaire, victime d’un incendie et d’une brèche dans sa coque, entendait livrer « une aide vitale, désespérément nécessaire » à Gaza. La méthode, digne de pirates dotés de moyens hightech, n’est pas nouvelle. En 2010, un navire humanitaire battant pavillon turc, le Navi Marmara, avait déjà été attaqué par la même armée israélienne.

Cet écrasement physique de la population de Gaza est soigneusement calculé dans le plan de Netanyahou, dont le porte- parole, un dénommé David Spencer, a résumé la position, après la réunion nocturne du cabinet de sécurité le 4 mai. Ce dernier admet la « possibilité d’une distribution humanitaire » à Gaza, si cela s’avérait « nécessaire », quoiqu’estimant qu’il y a « actuellement suffisamment de nourriture » dans le territoire. Et Spencer d’expliciter : « Cette histoire de famine est fabriquée par le Hamas, qui a détourné l’aide alimentaire envoyée deux mois plus tôt. […] Il pourrait la distribuer à son peuple. » Ce cynisme provocateur se passe de commentaires. Le boucher Netanyahou poursuit une véritable politique d’extermination dans le silence complice de ses homologues des grandes puissances.

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