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Dans le monde
Gaza
la guerre à outrance
Depuis que le gouvernement de Netanyahou a donné son feu vert, le 20 août, à une nouvelle offensive militaire pour prendre le contrôle de Gaza-ville, le nombre et l’intensité des bombardements israéliens, menés jour et nuit, se sont accrus sur cette zone, faisant des dizaines de victimes tous les jours parmi les Palestiniens.

Dans un communiqué publié vendredi 29 août, l’armée israélienne a annoncé que les pauses établies depuis plusieurs semaines pour la distribution de l’aide humanitaire ne s’appliqueraient plus dans la zone de la ville de Gaza, qualifiée de « zone de combat dangereuse ». Ces prétendues pauses n’empêchaient pas les Palestiniens de continuer de mourir sous les bombes et les balles israéliennes.
Les autorités israéliennes prétendent avoir allégé le blocus de la bande de Gaza, mais en réalité celui-ci se poursuit : seuls 500 camions d’aide humanitaire seraient rentrés, en cinq jours, du 26 au 30 août, alors qu’il en faudrait 600 par jour selon les ONG. Conséquence de ces restrictions, la famine a déjà provoqué la mort de 361 personnes. D’après le ministère de la Santé de Gaza, 43 000 enfants de moins de cinq ans et plus de 55 000 femmes enceintes et allaitantes souffrent de malnutrition. Depuis le début de la guerre, après le 7 octobre 2023, plus de 63 000 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils.
La nouvelle offensive en préparation va encore aggraver ce bilan dans une zone où survivent plus d’un million de personnes dans des conditions extrêmement précaires. Après avoir fui devant l’avancée des troupes israéliennes, beaucoup de Palestiniens étaient revenus dans la ville de Gaza, profitant de la trêve conclue fin janvier 2025. Depuis plusieurs semaines, on assiste à nouveau à l’exode vers le sud de milliers de femmes et d’hommes.
L’état-major israélien a commencé à augmenter les effectifs militaires à Gaza. Depuis le 2 septembre, les ordres de mobilisation sont envoyés à 60 000 réservistes. La majorité sera envoyée en Cisjordanie, au Liban et en Syrie relever des conscrits qui rejoindront les 70 000 soldats déjà engagés à Gaza. Les autorités militaires ont décidé d’envoyer se battre de jeunes recrues, tout juste majeures, et qui n’ont de toute façon pas le choix puisqu’elles font leur service, plutôt que des réservistes, plus âgés, plus critiques aussi et qui, pour certains, vont abandonner pour la cinquième fois en moins de deux ans leur famille et leur travail.
Les combats ont déjà commencé dans le quartier de Zeitoun, près du centre de la ville de Gaza. C’est la septième fois que l’armée israélienne revient dans cette zone, sans être parvenue à « éradiquer le Hamas », malgré les proclamations de Netanyahou. Au contraire, il est probable que le Hamas a trouvé de nouveaux combattants parmi les Palestiniens désespérés et enragés après avoir vu leurs proches mourir sous les bombes israéliennes.
C’est une guerre sans fin et sans perspective dans laquelle Netanyahou a engagé sa population. Les dirigeants de l’armée le reconnaissent eux-mêmes. Un document interne, censé rester confidentiel et qui vient d’être rendu partiellement public par une chaîne de télévision israélienne, juge que, lors de l’opération Les chariots de Gédéon lancée en mars, « Israël a fait toutes les erreurs possibles et imaginables » et qu’aucun des objectifs n’a été atteint.
Au sein de la société israélienne, la poursuite de la guerre à Gaza suscite une opposition de plus en plus importante. De nombreux réservistes ne répondent plus à leur convocation. Des dizaines de milliers de personnes manifestent chaque semaine dans de nombreuses villes du pays. Alors que la rentrée scolaire a eu lieu le 1er septembre, les élèves de dizaines de lycées – 45 selon le journal Haaretz – ont organisé une journée de grève et de manifestations, réclamant un accord de cessez- le-feu pour mettre fin à la guerre et permettre la libération des otages encore détenus à Gaza. Des lycéens bloquant une autoroute près de Tel-Aviv brandissaient une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Nous n’apprendrons pas à vivre avec ça. Faisons grève maintenant ! »
La prolongation de la guerre conduit une partie de la population israélienne qui refuse l’union nationale derrière Netanyahou et son gouvernement d’extrême droite à une prise de conscience. Mais elle devra se débarrasser de ce gouvernement de massacreurs et mettre fin à une politique qui, depuis la fondation de l’État d’Israël, consiste à écraser un peuple avec lequel il lui faut coexister.