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- Lutte ouvrière n°2985
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Article du journal
Gaza
pas la paix éternelle mais l’oppression permanente
Lors du sommet de Charm el-Cheikh, qui célébrait le 13 octobre les premières étapes de son plan de paix pour Gaza, Trump a affirmé en toute modestie qu’une « paix éternelle » commence au Moyen- Orient « pour la première fois depuis 3 000 ans » !

La libération des derniers otages israéliens détenus par le Hamas, de quelque 2 000 prisonniers palestiniens enfermés en Israël, l’instauration d’un cessez-le-feu effectif à Gaza, un très léger repli de l’armée israélienne et la levée du blocus de l’aide humanitaire, ont permis à Trump de mettre en scène son triomphe. Ce sont bien les pressions de Trump qui ont obligé Netanyahou, d’un côté, les dirigeants du Hamas, de l’autre, à valider son plan et à négocier l’échange de prisonniers.
Si Netanyahou n’a pas eu d’autre choix que d’interrompre la destruction complète de Gaza, c’est bien parce que l’armée israélienne a un besoin vital des armes et du soutien des États-Unis pour mener ses guerres. Le massacre perpétré depuis deux ans n’aurait pu avoir lieu sans l’aval américain. Quant aux dirigeants du Hamas, ils sont dépendants du soutien, ne serait-ce que diplomatique, de plusieurs États voisins, la Turquie, le Qatar, l’Arabie saoudite, eux-mêmes remis dans le jeu par Trump, en même temps que l’Égypte, frontalière de Gaza et elle aussi sous perfusion américaine.
Le plan de Trump vise à contrebalancer, un peu, l’hégémonie acquise par Israël au Moyen-Orient en donnant un rôle aux riches monarchies du Golfe dans la reconstruction éventuelle de Gaza et en impliquant la Turquie et l’Égypte dans la création d’une hypothétique « force internationale de stabilité ». La présence autour de Trump des dirigeants turc, égyptien, qatari était d’autant plus notable que ni Netanyahou ni aucun représentant du Hamas n’étaient présents. Les Palestiniens, jamais consultés alors qu’il s’agit de leur sort et de leur avenir, étaient représentés par Mahmoud Abbas, président sans pouvoir de l’Autorité palestinienne. Quant à Macron, Starmer et Meloni, dirigeants impérialistes de second rang qui comptent de moins en moins au Moyen-Orient, ils tenaient à apparaître sur la photo pour montrer qu’ils sont prêts à servir.
Reste que, malgré l’autosatisfaction de Trump, la paix ne sera ni « éternelle » ni même simplement durable. Il ne peut y avoir de paix tant que perdurent la spoliation et l’oppression d’un peuple. Rien n’est réglé pour les Palestiniens, ni à Gaza, désormais un champ de ruines privé de toute infrastructure, ni en Cisjordanie, un territoire livré aux colons israéliens. D’une façon ou d’une autre, à un moment ou à un autre, de nouvelles révoltes ou soulèvements armés se produiront et les dirigeants impérialistes, qui en sont très conscients, se donnent les moyens de les réprimer.
L’armée israélienne occupe toujours la bande de Gaza pour une durée indéterminée et elle peut y reprendre, à tout moment et sous n’importe quel prétexte, les bombardements. Elle a longtemps fait de Gaza une prison à ciel ouvert, et elle est prête à continuer. Quant au Hamas, non seulement il n’envisage pas de désarmer contrairement à ce que stipule le plan Trump. Mais le cessez-le feu lui permet d’éliminer ses opposants et les bandes armées qui ont prospéré sur les pénuries engendrées par le blocus, en ayant même la bénédiction explicite des dirigeants américains. Interrogé sur cette reprise en main brutale, accompagnée d’exécutions publiques, Trump a déclaré : « Ils veulent résoudre les problèmes, ils l’ont dit ouvertement et ils ont notre accord pour une période. » Sous-traiter l’encadrement de la population gazaouie au Hamas, Israël et les États-Unis l’ont fait entre 2007 et 2023, et ils pourraient continuer à le faire, de façon plus ou moins cachée, en attendant d’administrer Gaza comme un protectorat auquel les États arabes seraient associés. Le plan concocté par Trump pour les Palestiniens s’apparente plus à l’oppression permanente qu’à la « paix éternelle ».