Irlande du Nord : l’extrême droite derrière les émeutes racistes18/06/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/06/une_2968-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irlande du Nord

l’extrême droite derrière les émeutes racistes

Lundi 9 juin à Ballymena, en Irlande du Nord, après l’inculpation de deux adolescents d’origine roumaine pour tentative de viol, une marche blanche a dégénéré en attaques violentes contre les domiciles de travailleurs immigrés.

Les violences se sont étendues les nuits suivantes à plusieurs autres villes, dont Belfast, la capitale. Sous prétexte de solidarité avec une victime d’agression sexiste, les émeutiers ont jeté des pierres et des cocktails Molotov sur des maisons habitées non seulement par des Roms récemment installés mais aussi par des travailleurs européens et asiatiques embauchés depuis des années comme « premiers de corvée » à l’abattoir ou à l’usine, en supermarché ou en Ehpad. La police, après avoir laissé faire, a fini par procéder à des arrestations, une fois devenue elle-même la cible des hooligans. Dans l’espoir de sauver leur peau, des familles ont affiché sur leur porte un drapeau britannique, d’autres ont fui précipitamment, tandis que des voitures et des commerces étaient également incendiés.

L’Irlande du Nord, province la plus pauvre du Royaume-Uni, est une poudrière. Travail précaire, délabrement des services publics : les problèmes sociaux y sont décuplés. Et si les étrangers n’y représentent pas plus de 4 % de la population, ils sont les boucs émissaires d’une extrême droite qui surfe sur la colère sociale en la détournant du véritable responsable de la misère, à savoir la bourgeoisie. Prenant une pose outragée, la ministre travailliste de l’Irlande du Nord a dénoncé des « violences insensées ». Mais le gouvernement Starmer qui, à l’instar de son prédécesseur conservateur, traite chaque migrant comme un criminel en puissance, est coupable lui aussi de ces exactions.

Ces émeutes visant à terroriser les travailleurs d’origine étrangère font écho à celles qui, en août 2024, avaient éclaté à Belfast – et dans une trentaine de villes anglaises – suite au meurtre au couteau de trois fillettes près de Liverpool par un jeune déséquilibré d’origine rwandaise. Elles rappellent aussi les attaques anti-migrants qui ont touché Dublin, capitale de la République d’Irlande, à plusieurs reprises depuis l’été 2023. À chaque fois, les rumeurs les plus folles au sujet des migrants, accusés de tous les maux à partir de tel ou tel drame monté en épingle, ont été répandues par la « fachosphère » via les réseaux sociaux. La mobilisation sur le terrain de militants d’extrême droite a fait le reste, les nombreux jeunes désœuvrés et prêts à en découdre constituant une masse de manœuvre hautement inflammable.

En Irlande du Nord, outre la main de l’agitateur britannique d’extrême droite Tommy Robinson, récemment sorti de prison, il est aisé de deviner celle des gangs unionistes, ces protestants fanatiques et mafieux, champions du maintien de la province au sein du Royaume-Uni : ils n’ont eu qu’à ressusciter les méthodes abjectes utilisées maintes fois entre 1968 et 1998 pour terroriser la population catholique. Liés plus ou moins discrètement à eux, les politiciens unionistes qui propagent la haine xénophobe en continu sont évidemment eux aussi responsables du récent déchaînement de violence. Il a suffi d’un post de l’un d’eux (le ministre chargé des questions sociales au sein du gouvernement de la province) pour révéler aux pogromistes l’adresse du centre de loisirs où s’étaient réfugiées les victimes des premières attaques, et offrir ainsi une nouvelle cible à leur rage.

Des rassemblements ont eu lieu pour dénoncer les agressions contre les travailleurs immigrés et leur famille. Reste que le terreau sur lequel prospèrent les apprentis fascistes est celui du capitalisme pourrissant, de plus en plus fertile. Les jeunes révoltés doivent trouver une issue et elle ne peut être que dans la révolution sociale.

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