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- Lutte ouvrière n°2976
- Israël – Gaza : Netanyahou, un pas de plus dans l’horreur
Article du journal
Israël – Gaza
Netanyahou, un pas de plus dans l’horreur
Le 7 août, le chef du gouvernement israélien annonçait, devant une opinion publique médusée, son plan d’occupation militaire de Gaza, en l’occurrence du petit quart du territoire que son armée ne contrôle pas encore, impliquant le déplacement forcé du million d’habitants survivant dans les ruines vers une hypothétique zone située hors des bombardements, des drones et des mitraillages des chars.
Le lendemain, le cabinet de sécurité validait le plan, après plusieurs heures de discussion, paraît-il. Car même si l’entourage de Netanyahou le soutient dans son entreprise de mort, même si les ministres d’extrême droite lui en réclament davantage, une fraction de plus en plus large de la population – majoritaire, selon les derniers sondages – exige qu’il arrête sa guerre. Significative est la prise de position officielle du chef de l’armée, Eyal Zamir, s’opposant au projet de Netanyahou, au nom des 49 otages encore prisonniers, du refus manifesté par nombre de soldats et de réservistes de poursuivre la guerre, et de l’inutilité, selon lui, d’une telle intervention au prétexte d’éradiquer un Hamas désormais sans forces. Mais, à part un rappel à l’ordre venu du ministre de la Défense, la mise en garde de Zamir n’a eu aucun effet sur la bande de criminels qui gouverne, prétendument au nom de la population.
Depuis quelque temps, les dirigeants occidentaux, en premier lieu européens, prennent quelque distance avec la politique du gouvernement Netanyahou. Au fil des milliers de morts gazaouis (61 000 à ce jour), ils ont accumulé les condamnations morales hypocrites, convoqué un ambassadeur par-ci, annoncé un désinvestissement dans les entreprises israéliennes par-là, ou l’arrêt de certaines livraisons d’armes… Mais les représentants de la bourgeoisie européenne n’osent même pas suspendre l’accord commercial avec Israël datant de 2000 qui organise les échanges dans l’agriculture et l’industrie. C’est dire quel poids ont les articles sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques inclus dans ledit traité !
En Israël, les protestations continuent, venant d’associations diverses ou de politiciens de gauche. Les manifestations se multiplient et celle du 9 août, au lendemain de la validation du plan Netanyahou, a rassemblé à Tel- Aviv 60 000 personnes, selon les organisateurs. Les familles d’otages, morts ou encore en vie, ont dénoncé le mépris de Netanyahou pour la vie humaine, celle de leurs proches mais aussi celles des Palestiniens de Gaza, volontairement condamnés à mort par la famine ou les mitraillages lors des rares ravitaillements. Selon la mère d’un otage, Einav Zangauker, qui s’est exprimée devant la presse : « La plupart des gens souhaitent mettre fin à la guerre et rapatrier tout le monde. La seule chose que Netanyahou doit faire, c’est proposer un accord global pour mettre fin à la guerre, un accord réel et réalisable. Mais Netanyahou a déjà décidé de les tuer et de nous condamner à une guerre éternelle. »
Corrompu, poursuivi par la justice, accroché à son poste dans une fuite en avant vers la catastrophe, le Premier ministre a dans une conférence de presse prétendu répondre aux protestations. Disant n’avoir pas « d’autre choix que de terminer le travail et de vaincre définitivement le Hamas », il a dénoncé une « campagne mondiale de mensonges » qu’il a eu le cynisme de comparer à celles qui ont précédé le massacre des Juifs en 1939-1945 !
Le plan gouvernemental ne peut conduire qu’à l’aggravation du désastre, pour les Palestiniens de Gaza, massacrés ou déportés, et ceux de Cisjordanie, chassés de leurs villages par la colonisation en marche. Les millions d’Israéliens, juifs ou non, ne sont pas à l’abri non plus, réduits à l’état de geôliers d’un peuple qui refuse de mourir.