Lecornu devant l’Assemblée : soulagement parlementaire15/10/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/10/P3-1_Lecornu_BIS_Cornu_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C19%2C1033%2C600_crop_detail.jpg

Article du journal

Lecornu devant l’Assemblée

soulagement parlementaire

Mardi 14 octobre, annonçant le programme de son gouvernement, le Premier ministre Sébastien Lecornu a « suspendu » en l’état la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle de 2027, répété qu’il n’utiliserait pas l’article 49-3, et évoqué un encadrement fiscal sur une toute petite partie des grandes fortunes.

Illustration - soulagement parlementaire

Ces deux engagements et cette vague promesse devaient permettre, jeudi 16 au matin, à tout ou partie des députés PS de ne pas voter la motion de censure déposée par LFI, et donc au gouvernement de survivre. C’est du moins ce qu’on pouvait comprendre du discours de Boris Vallaud pour le PS. Ce recul, sur une mesure rejetée par l’écrasante majorité des travailleurs et combattue par des millions d’entre eux, n’est pourtant qu’une cuillérée de miel dans un tonneau de fiel.

Certes, les macronistes prétentieux et méprisants, à commencer par le Président lui-même, ont dû manger une partie de leur chapeau. Certes, la droite qui exige la retraite à 67 ans doit également en rabattre provisoirement sur le sujet. Certes, tous ces gens qui claironnent depuis des années que voler deux, puis quatre ans de vie aux travailleurs serait la seule façon d’équilibrer les comptes du pays, ont dû se déjuger.

La suspension, dont le « coût » serait de 400 millions d’euros pour 2026, serait compensée, à l’euro près, par une mesure d’économie aux dépens, évidemment, de la population. Pour le reste, y compris face à l’accumulation de fortunes insolentes réalisées en pillant les fonds publics, Lecornu promet la continuité. Les attaques contre la Sécurité sociale, l’augmentation du budget militaire, les économies sur les services publics utiles à la population et tout ce qu’exige le grand patronat pour le maintien de ses profits, quoi qu’il en coûte aux travailleurs, tout cela est à son programme.

Face aux motions de censure, de LFI et du RN, Lecornu tient s’il obtient qu’une majorité de députés ne les vote pas. C’est acquis du côté du centre, au gouvernement depuis huit ans. La droite, qui craint la dissolution et donc le retour devant des électeurs qui lui préfèrent de plus en plus le RN, ne censurera pas non plus, même si chacun sait qu’il s’agit seulement de conserver les prébendes de ses élus. Le PS, qui n’a pas trop envie non plus de nouvelles élections, ne voulait pas se vendre pour rien et peut se contenter de pas grand-chose, d’où la suspension de la réforme des retraites et le discours de Boris Vallaud. Invoquant le fascisme à nos portes et la vie quotidienne des travailleurs, il a fini, à demi-mot, par appeler ses camarades à ne pas censurer Lecornu.

Lecornu a répété, à chaque paragraphe « le gouvernement proposera, nous débattrons, vous voterez », signifiant par là une « rupture » par rapport aux huit années de macronisme jupitérien. Mais débattre et décider de la politique nécessaire à la classe dirigeante n’est pas une rupture, c’est la fonction des institutions de la République depuis qu’elle existe.

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