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- Lutte ouvrière n°2981
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Moyen-Orient
terrorisme israélien
Une semaine après les bombardements israéliens, le 9 septembre, qui ont visé des chefs du Hamas installés au Qatar, les dirigeants des États membres de la Ligue arabe, ainsi que ceux de la Turquie et de l’Iran, se sont réunis en urgence à Doha, capitale du Qatar, pour « sanctionner Israël ».
Si leur communiqué final avait des mots durs pour dénoncer cette « attaque brutale et lâche [qui] menace les perspectives de paix et de cohabitation dans la région », ces dirigeants ont surtout étalé leur désarroi devant une armée israélienne qui peut frapper où et quand elle veut. Les riches monarchies du Golfe arabo- persique en particulier ont établi depuis longtemps des accords de défense avec les États-Unis. Le Qatar abrite même leur plus grande base militaire du Moyen-Orient et ses 10 000 soldats et le siège du commandement pour cette région. Les États-Unis n’en ont pas moins laissé l’aviation israélienne bombarder Doha. Pire, au moment où se tenait le sommet de Doha, le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, réaffirmait à Netanyahou son total accord avec la stratégie de l’État israélien à Gaza, y compris sa destruction intégrale, sans prononcer un mot de critique contre le raid sur le Qatar.
Plusieurs États arabes, en particulier Bahrein, les Émirats arabes unis et le Maroc, avaient signé en 2020, sous l’égide de Trump, les accords dits d’Abraham, normalisant leurs relations économiques et politiques avec Israël. L’Arabie saoudite, autre alliée historique des États-Unis dans la région, s’apprêtait à signer ces accords à la veille de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023. L’Égypte, dirigée par le général al-Sissi, a signé des accords économiques avec Israël, y compris encore l’été dernier, pour exploiter en commun un gisement gazier en Méditerranée.
Tous ces dirigeants ne se préoccupent pas plus du sort des Palestiniens que de celui de tous les travailleurs arabes ou musulmans qu’ils exploitent dans leurs pays. Ils voudraient pouvoir faire des affaires sans entrave avec Israël, comme ils en font avec les États-Unis, avec la Chine et bien d’autres pays. Mais ils doivent tenir compte, parce qu’ils en redoutent les conséquences, de la haine de plus en plus profonde que suscite, parmi leur propre population, la barbarie israélienne à Gaza et en Cisjordanie. De ce point de vue, l’arrogance de l’armée israélienne, qui s’arroge désormais le droit de bombarder n’importe quel pays du Moyen-Orient, du Liban au Yémen en passant par la Syrie et l’Iran et même dans un pays allié des États- Unis comme le Qatar, met de plus en plus ces dirigeants en porte-à- faux. Visiblement les dirigeants israéliens n’en ont cure.
Sous leur direction, l’État d’Israël se comporte comme une puissance coloniale voulant dominer militairement toute la région. Il signifie à ceux qui voudraient être ses partenaires, accords d’Abraham ou pas, que ce sera à ses conditions et en subissant ses menaces, des conditions qui seront aussi celles de Trump. Les protestations des dirigeants réunis à Doha, dont l’unité est bien superficielle, ne suffiront pas à émouvoir un dirigeant des États-Unis qui estime, quoi qu’il arrive, qu’il faut d’abord montrer sa force.