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- Lutte ouvrière n°2963
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Dans les entreprises
SNCF
préparer la riposte de tous
La presse, le gouvernement et la direction de la SNCF avaient depuis des semaines dénoncé l’appel à la grève la semaine du 8 mai des contrôleurs et d’autres catégories de cheminots. Ils les ont traités, tour à tour, d’irresponsables et de privilégiés préparant « une semaine noire » aux voyageurs. Aucun ne décrivait la dégradation des conditions de travail, de roulement et de rémunération à l’origine du conflit.
Puis on a vu Farandou, le PDG de la SNCF, fanfaronner dans les médias sur le fait que 90 % des TGV circulaient durant le week-end. La même presse aux ordres a présenté cette grève comme un échec, certains prétendant que la mobilisation avait été faible.
En réalité, malgré la division syndicale et les appels catégoriels, nombre de cheminots ont répondu présent aux différents appels à la grève. Chez les contrôleurs au TGV, celle-ci a été suivie par exemple avec des taux de grévistes au-dessus de 70 %, selon Sud-Rail.
La direction n’a pu faire circuler les trains qu’en recourant à une armée de cadres, dénommés VAO, Volontaires accompagnateurs occasionnels, grassement payés pour remplacer les contrôleurs grévistes.
En 2022, un appel à la grève partie d’un collectif de contrôleurs, le CNA, avait paralysé le réseau à l’échelle nationale. Depuis, la direction a cherché à s’en prémunir en formant à la va-vite, souvent à distance, des cadres n’ayant rien à voir avec le métier de contrôleurs, alors que ceux-ci ont aussi des fonctions de sécurité. On voit qui fait preuve d’irresponsabilité.
Elle avait par exemple utilisé ce dispositif en mars dernier dans le sud-est et elle était parvenue à faire rouler les trains alors que les contrôleurs étaient en grève à 90 %. Elle a renouvelé l’opération la semaine du 8 mai.
Nombre de militants syndicaux se sont indignés, jugeant la méthode déloyale. Mais le patronat mène la lutte de classe, avec l’ensemble des moyens à sa disposition. Les travailleurs doivent en faire autant. Et c’est d’abord une question de conscience.
Beaucoup de contrôleurs pouvaient penser que leur présence indispensable au départ d’un train leur donnait un rôle stratégique. Et certains leaders syndicaux ou encore du CNA ont cultivé l’illusion que, non seulement il n’est pas nécessaire de lutter ensemble mais, qu’en réclamant sous forme catégorielle, corporatiste, il est plus facile de gagner.
En réalité, et particulièrement dans cette période d’offensive du patronat, celui-ci veut au contraire montrer son intransigeance, dans le public comme le privé. Et il sait que s’il cède à certaines catégories, l’exemple fera contagion. Alors si le patronat fait bloc, les travailleurs doivent en faire autant. Et si les cheminots entrent en lutte ensemble, conducteurs, contrôleurs, agents des gares, ouvriers des ateliers, aiguilleurs, les manœuvres antigrève de la direction apparaîtront dérisoires.
Ce n’est pas la stratégie poursuivie par les directions syndicales. Elles ont au contraire contribué à la division. Sud-Rail appelait avec le CNA à la grève des contrôleurs les 9, 10 et 11 mai, mais s’alignant sur les préjugés corporatistes, appelait chaque catégorie à part, les jours précédents. La CGT, de son côté, avait appelé à entrer en lutte « dès le 5 mai », mais pour tout stopper rapidement car elle refusait d’appeler à la grève du 9 au 11 mai, même chez les contrôleurs. Nulle part les syndicats n’appelaient les cheminots à en décider.
Les cheminots sont tous confrontés aux mêmes reculs concernant les salaires, les emplois et les conditions de travail. Ils devront mettre en avant les revendications pouvant unifier l’ensemble des travailleurs. Et ils devront s’assurer du contrôle de leur lutte pour déjouer toutes les manœuvres de division.